Areni-que ta mère*

, par  lapinardotheque , popularité : 1%



*la fatigue

Humeur du jour, bonjour.

Février est un mois affreux : il est petit, laid, biscornu et pourtant n’en finit pas. On aurait bien envie de printemps, de terrasse, de premiers rayons de soleil. Au contraire, il faut se ré-emmitoufler. Je plaid coupable : je suis une frileuse qui aime le froid, à petite dose parce que la nature s’endort, parce que ça fait du bien, de cocooner.

On peut ressortir ce genre de vieux machins rassérénant.

chateau

J’aime énormément les vieux. Blancs. Bien entendu, passé un certain stade, ils n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient dans leur jeunesse. Si on aime le fruit frais, on passe son chemin, ou on les boit plus tôt. Je sais assez à quoi m’attendre avec ce genre de vieilles quilles. Enfin, je crois que je sais. Parce que parfois je me retrouve désarçonnée.

Et c’est ce qui fait toute la beauté de la chose : se faire surprendre par l’inédit, par l’inconnu, bof. On se doute bien que ça va arriver, non ? Tandis que celui que vous connaissez par cœur, dont vous pouvez réciter tous les défauts et les qualités les yeux fermés, que celui-là arrive encore à vous fiche par terre de surprise, c’est merveilleux.

Au nez, un côté coing confit, de la pâte d’amande installent une ambiance orientale, tamisée. La bouche a perdu un peu d’éclat, un peu de fraicheur, un peu de mordant. L’amande et le noyau d’abricot s’embrassent, une impression encaustique remplit la bouche et en fin, en toute fin, il y a une petite folie de fleurs séchées, le bouquet qu’on a laissé sur un buffet et qui exhale encore un peu l’été. Comme un songe.

Le châteauneuf, j’en ai un peu parlé dans le billet Rhône. On néglige à mon goût trop souvent le blanc, pour lui préférer le rouge. De façon générale, je suis toujours assez étonnée comme l’a priori des gens sur le vin blanc est tenace.

  • Ne tient pas dans le temps.
  • Est moins profond, moins complexe.
  • Ne se sert qu’en entrée, ou à l’apéro.

Faux, faux, archi-faux.

Au rayon déception de la semaine, j’aurais voulu goûter à l’Arménie et à cet areni (c’est le cépage donc).

areni Et paf, bouchonné. On ne saura pas encore cette fois. Du coup, je me suis contentée d’Aznavour.

A l’occasion de la saint-valentin, on a évidemment beaucoup glosé sur le goût féminin, les vins de femmes, etc. J’avais ma pelle à neige, donc j’ai plutôt pas mal négocié ce virage douloureux.

Puis j’ai goûté ça.

lasso

Le sud-ouest regorge de pépites, on ne le dira jamais assez. En marmandais, on connait bien évidemment Elian da Ros (et si ce n’est pas le cas, on se dépêche de) mais il y a aussi Lassolle.

Cette quille, c’est un bonheur de vin complet : d’équilibre. Une merveille entre la gourmandise, la rectitude, la matière, le soyeux, et une personnalité du diable. Quelque chose qui serait pas loin d’être un modèle d’élégance et de finesse, tout en ayant un vrai jus dedans. Du vin que j’ai envie de boire par caisses.

Et what a surprise, c’est un vin de femme. Pas un vin que pour les femmes (ou les hommes ou les gnous astigmates). Mais Stéphanie qui l’élabore a tout mon respect : c’est construit, c’est plein, c’est rond et c’est bon. On ne tombe pas une seconde dans la facilité. Bravo !

Petites réflexions en vrac pour terminer : plusieurs courriers reçus cette semaine présentant des vins natures mais non bios m’ont fait me poser un tas de questions :

  • Quel intérêt de ne pas mettre (ou très peu) de soufre si le vin n’est pas déjà "propre" (comprendre : exempt de pesticides et autres) à la vigne ?
  • Nature c’est quoi au juste du juste ? Sujet à interprétation, selon les vignerons ?
  • Est-ce qu’on ne dévierait pas vers quelque chose qui devient plus du marketing qu’autre chose, il n’y a qu’à voir comment certains gros producteurs et grandes surfaces s’enhardissent à produire et proposer des vins "natures" ?

Un truc me fait marrer : je constate que si de plus en plus de gens dans mon entourage plus ou moins proche arrêtent de fumer, il en est d’autres qui continuent. Mais eux, ils fument propre, mesdames messieurs. Des cigarettes sans additifs, sans goudron, sans saloperies. Bon, les gars c’est bien, c’est louable, mais ça reste du tabac.

Faudrait voir à ne pas oublier ça.

Tout est nocif, ou quasi selon les doses et l’usage. Le vin, le tabac. Le sexe aussi.

Mais j’ai l’impression parfois un peu étrange que mettre "sans additifs" sur un paquet de clopes ou une bouteille de pif dédouane les gens de réfléchir vraiment à ce qu’ils sont en train de consommer. On regarde l’emballage, on oublie de s’interroger sur sa pratique. J’ai bien évidemment envie -parce que je vieillis, et que je commence à me dire qu’il est temps de prendre soin de ma carcasse- de consommer des produits, de boire et de manger des choses qui ne me nuisent pas. Voire qui sont bonnes pour ma santé. Mais l’exploitation mercantile et cynique de ce désir somme toute légitime de vivre vieux et bien est dangereuse. Le vigneron qui fait du propre parce qu’il a mûrement réfléchi, qui voit le vin comme une démarche globale, du raisin à la cuve ou au fût a tout mon soutien. J’ai bien plus de mal avec ceux qui m’expliquent qu’on peut avoir un raisin non cultivé en bio, que c’est pas grave puisque le seul grand méchant de l’histoire c’est le soufre.

Société du paraître ? Peut-être.

Terminons sur une note d’humour viticole. Parfois j’ai honte. Puis ça me passe.

pomerol

(le samedi, on écoute Arno, j’ai dit)



Cet article est repris du site http://lapinardotheque.wordpress.co...

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