BIFFF 2013 – Antiviral : luxe, star et hépatite B

, par  Arnaud Parant , popularité : 1%

Antiviral affiche

L’histoire se déroule dans un futur proche, un futur où le star-system a poussé le concept des idoles un peu loin, un futur où le cannibalisme semble être l’ultime barrière du fanatisme, un futur où les maladies se monnayent dans des bijouteries de laboratoire, un futur assurément pourri où les vers s’entre-dévorent. Parmi eux, Sid March, un jeune homme au teint blême et maladif travaillant pour le compte d’un laboratoire pharmaceutique commercialisant les maladies des stars. Car, dans le monde de Cronenberg, les stars poursuivent un désir d’immortalité exacerbé au point de ne devenir qu’un produit de consommation de plus, négociant la valeur marchande de la moindre petite infection, les proposant aux fans comme on propose un film avec une star bankable.

C’est un véritable marché, une importante économie qui régit l’univers de Cronenberg et dans lequel March impose son professionnalisme en vous vendant l’herpès de votre star préférée et en vous l’injectant comme si elle vous l’avait refilé en échangeant un délicat baiser. Mais tout ceci coûte extrêmement cher, le produit nous est présenté comme un objet luxueux et les violentes confrontations marchandes des deux cliniques concurrentes révèlent tous les enjeux d’un marché fructueux. Sid March, conscient des bénéfices de cette économie du strass et de la paillette infectieuse, détourne alors les échantillons des dernières maladies en vogue en se les injectant directement afin de les re-synthétiser sur un marché noir tout aussi porteur que le circuit traditionnel.

Comme dans tout marketing qui se respecte, il faut une égérie, un symbole qui identifie la marque et assure la prospérité de cette dernière par de juteux contrats d’exclusivité. Hannah Geist est donc cette sublime star, ne vivant que par d’immenses portraits à sa gloire, et dont le monde semble être éperdument amoureux. Sous les traits et le regard vertigineux de Sarah Gadon, on comprend pourquoi une telle fascination. Mais les choses se compliquent lorsque cette dernière contracte un mystérieux virus qui lui coûtera la vie ; virus que March s’est procuré en avant-première et qu’il s’est comme à son habitude injecté, possédant en son organisme le dernier grand cru de ce marché lucratif…

Cronenberg raconte alors une course contre la montre lorgnant du côté du thriller d’espionnage et de la science-fiction pour nous offrir un film démesurément étrange où tout semble tout à fait normal. Les gens s’injectent des maladies de star comme ils achètent le même parfum que cette dernière, consommant le steak du gras des fesses acheté chez des néo-bouchers cultivant les cellules graisseuses dans leur chambre froide, étant même près à tuer pour contracter le virus qui emporta leur sublime créature de papier glacé.

L’univers du film est savamment dosé tout au long du métrage, nous permettant de comprendre lentement la logique, l’intérêt et la critique qui le jalonne jusqu’à sa chute, paroxysme monstrueusement inattendu mais diablement cohérent dans ce qu’il observe du star-system. Cronenberg réussit un premier film indéniablement étrange et déroutant mais fort d’un univers ostensiblement fou qui l’emmène vers le sommet du culte. Porté par le physique androgyne de Caleb Landry Jones (fascinant d’un bout à l’autre), le film est un ensemble de révélations au sens le plus noble du terme. Un film à découvrir et une carrière à suivre.

Antiviral

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Cet article est repris du site http://www.discordance.fr/bifff-201...

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