Besancenot contre Taser, l’affaire expliquée en 5 points

, par  Geoffrey Le Guilcher , popularité : 1%

Olivier Besancenot en janvier 2010 (Jean-Paul Pelissier/Reuters)

1. Une simple salve

Novembre 2006. Olivier Besancenot, alors candidat à la présidentielle pour la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), passe au Grand Journal de Canal+. Se référant à un rapport d’Amnesty International, le jeune politique s’en prend au Taser, pistolet à impulsion électrique devant prochainement équiper la police française. Il avance un argument fort : l’arme aurait déjà fait une centaine de morts aux Etats-Unis. Rebelote en juin 2007, Besancenot affirme sur son blog : “Dans le meilleur des cas, il y a des doutes. Dans le pire, le Taser peut tuer.

2. Premier procès

Un homme goûte peu la charge de Besancenot : Antoine Di Zazzo, président de SMP Technologies, société qui commercialise le Taser en France. Au printemps 2007, Di Zazzo dépose une plainte contre Besancenot pour diffamation. Non seulement Di Zazzo sera débouté en novembre 2008, mais il se prend un retour de boomerang. Entre temps, la procédure a dévoilé que Besancenot et ses proches ont été espionnés. Di Zazzo est mis en examen, avec huit autres prévenus, pour “complicité de violation du secret professionnel” et “accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données”.

3. A la recherche de la Porsche invisible

Le patron de Taser l’assure, il aurait simplement employé un cabinet de détectives privés afin de trouver l’adresse de Besancenot. Une donnée nécessaire pour délivrer son assignation. Mais vraisemblablement persuadé que Besancenot était secrètement propriétaire d’un 4×4 de luxe Porsche Cayenne (rumeurs relayées à l’époque par certains sites), Di Zazzo aurait exigé des preuves aux détectives.

Les deux personnages clés du cabinet d’enquêtes en tout genre sont son patron Gérard Dussaucy, un ancien policier passé par la Brigade de répression du banditisme (BRB), les Renseignements généraux et l’Inspection générale des services (IGS) et Sophie Batana, sa collaboratrice, qui dispose d’une formation en comptabilité.

4. Pyramide de barbouzes

Le cabinet Dussaucy a ensuite sollicité les services d’une autre officine également composée d’anciens policiers : Arcole. L’enquête d’Emmanuel Fansten pour Mediapart a révélé le contenu de plusieurs rapports confidentiels détaillant ses méthodes de travail. Une large palette de renseignements ont été collectés sur Olivier Besancenot et sa compagne. Notamment :

- leurs différents numéros de comptes bancaires grâce à un officier de PJ ayant accès au fichier Ficoba (Fichier national des comptes bancaires et assimilés)


 le solde de leurs comptes bancaires par un policier détaché auprès du Crédit lyonnais


 l’immatriculation de leur véhicule par un brigadier major du commissariat de Mantes-la-Jolie ayant accès au fichier national des automobiles (FNA)


 leur adresse fiscale fournie par un agent des impôts


 les relevés cadastraux de leur appartement


 l’adresse de l’école maternelle de leur fils ainsi que des renseignements étonnamment précis sur leurs habitudes

L’instruction révèle donc un système où ex flics et policiers en activité divulguent des renseignements protégés à des officines privées. On appelle ça la “tricoche”, une pratique illégale.

5. Ping pong des responsabilités

Di Zazzo, le patron de Taser, rejette la responsabilité de ces barbouzeries sur Gérard Dussaucy, en avançant que le détective aurait “fait du zèle” et outrepassé ses demandes. Ce dernier dément formellement et assure avoir reçu des pressions de Di Zazzo pour pousser toujours plus loin ses investigations.

Modifié à 14h22 : Le tribunal correctionnel de Paris a rendu sa décision aujourd’hui : Di Zazzo a été condamné à 15 mois de prison avec sursis et à 10 000 euros d’amende. Concernant les autres protagonistes de l’affaire, des peines allant de deux mois avec sursis à un an avec sursis ont été prononcées à leur encontre. 

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/01/3...

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