Denis Robert rend hommage à son “ami” Siné

, par  Fanny Ménéghin , popularité : 2%
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Capture d’écran leplus.nouvelobs.com Capman/Sipa

Quel lien entreteniez-vous aviez avec Siné ?

Denis Robert – On est devenu proches, amis, à partir du moment où j’ai vu qu’il était le seul à Charlie Hebdo à s’être battue contre Philippe Val en 2008. C’est comme ça que je l’ai rencontré et que j’ai appris à découvrir cet homme que je connaissais à travers ses dessins.

Et si vous deviez le décrire ?

C’était quelqu’un qui aimait la vie, un épicurien, mais avant tout un révolté permanent, un dur à cuir. Il avait toujours une grande liberté de parole et de dessins et c’était sans doute lui qui allait le plus loin dans les provocations. Quelqu’un qui aimait manier la provocation. Ce qui me peine en ce moment c’est qu’on ressorte sur les réseaux sociaux ses scandales d’antisémitisme. Il n’était pas antisémite.

La mort du dessinateur Siné (87 ans) Une “Siné Hebdo” 28 avril 2010 pic.twitter.com/igEhDDJoog

— Gilles Klein (@GillesKLEIN) 5 mai 2016

Dans une publication que vous avez écrite pour L’Obs , vous dites que Siné était “un increvable”, qu’est-ce qu’il restera de lui et de son travail ?

Ce qui est triste c’est qu’ils partent les uns après les autres (Cavanna, Wolinski, etc.). Il ne reste plus que Delfeil de Ton et Willem comme représentant de cette époque magnifique d’Harakiri et de Charlie Hebdo, le vrai, pas le frelaté. Ce qui va rester c’est que c’était le plus virulent, mais c’était un homme d’une bonté totale. Il a toujours défendu la veuve et l’orphelin et il était d’une grande lucidité sur le monde. Bob était quelqu’un avec qui on pouvait parler de tout. J’aimais beaucoup sa voix, son côté “titi parisien”. Il avait une grande culture musicale et il a eu une vie incroyable. C’est quelqu’un qui va manquer par son sens de la provocation inné. Il avait une forme de génie dans son mélange de l’écriture et du dessin.

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Malgré sa mort, pensez-vous que Siné Mensuel va pouvoir continuer avec l’âme que lui a insufflé “Bob” ?

Je pense que oui. Il va manquer au journal c’est certain, mais c’était quelqu’un de tellement prolixe qu’on pourra le redécouvrir chaque mois si le journal ressort ses anciens travaux. Et puis c’est une équipe très forte, une sorte de famille.

Vous avez réalisé un documentaire sur Cavanna , malheureusement il est décédé avant la sortie du film et c’est désormais un hommage que vous lui rendez. Pensez-vous faire la même chose pour Siné ?

On y réfléchit avec ma fille Nina, faire une petite vidéo avec un montage des archives qu’on a et qui sont inédites.

Il avait déjà acheté sa tombe il y a quelques années… Mercredi il a publié un texte dans lequel il annonçait son départ, et puis il y a ce fameux dessin qui est repris partout sur les réseaux sociaux “Mourir ? Plutôt crever !”. La mort semblait être omniprésente pour lui…

Il nous envoyait des mails régulièrement et le dernier qu’on a reçu…. C’est la première fois qu’il était aussi inquiet. Il disait “cette fois-ci ça ne rigole pas”. “Votre présence à été importante pour moi”. Il s’attendait à la mort, il s’y préparait.

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Si il ne fallait retenir qu’un seul moment avec lui, ce serait lequel pour vous ?

C’était il y a deux ou trois ans, on était à Angoulême tous les deux. On s’est retrouvés au musée d’Angoulême. On dédicaçait des bouquins, on était que tous les deux. On a pu discuter vraiment tranquillement, on a bu un verre de rouge et il m’a demandé de lui expliquer Clearstream, et il n’y a que pour lui que j’aurais fait ça car j’en ai mare de parler de ça. Et on a rigolé car au bout de deux phrases sur le offshore, il ne comprenait déjà plus rien. Avoir été soutenu par lui comme je l’ai été pendant cette affaire…C’était…Je sais à quel point il a été courageux.

Propos recueillis par Fanny Ménéghin

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Denis et Nina Robert, Jusqu’à l’ultime seconde j’écrirai

Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2016/05/0...

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