Edward Snowden : “Il faut protéger les lanceurs d’alerte”

, par  Sophie Janinet , popularité : 1%
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Edward Snowden - Reuters

C’est une première depuis l’affaire Wikileaks en juin 2013. Edward Snowden, l’agent fédéral qui a dévoilé des informations collectées par la NSA à travers un programme de surveillance téléphonique, a été interviewé en visioconférence par Nicolas Demorand ce mercredi 10 décembre.

Le public a eu une prise de conscience”

Réfugié en Russie, il a insisté sur l’importance de légiférer, aux USA et en Europe notamment, pour “garantir la sécurité des lanceurs d’alerte et les protéger contre les menaces illégitimes dont ils font l’objet“.

Il a expliqué qu’il vit “normalement” à Moscou où il peut se déplacer en métro sans aucun problème : “La seule différence avec ma vie passée est qu’aujourd’hui je travaille non pas avec un gouvernement pour la sécurité d’un peuple mais avec des activistes du monde entier pour la sécurité de tous”. Il a bien sur ajouté que son pays lui manque et qu’il aimerait beaucoup y revenir, ou, à défaut, s’installer en Europe occidentale.

Edward Snowden s’est félicité du changement qu’ont provoqué ses révélations en 2013. “Le public a eu une prise de conscience. Une étude récente au Canada montre que désormais 39% des gens ont commencé à agir pour leur préserver leur vie privée en ligne.” Il a également insisté sur l’importance que des mesures soient prises pour empêcher “ceux là même qui sont censés nous représenter, que nous avons élu“, d’autoriser ce type de programme de “surveillance de masse” dont l’efficacité est “limitée“.

Orange et la DGSE

La France est bien sûr concernée, il a d’ailleurs rappelé qu’”Orange fournit des données sur ses clients à la DGSE“. Il a malgré tout évoqué les groupes de réflexion mis en place par certaines grandes instances de justice internationale, comme la cour européenne, pour évaluer ces pratiques, et s’est fendu d’un certain optimisme, affirmant : “ça ne prendra pas un mois, ou un an [...] mais dans la décennie qui vient, nous gagnerons“.

“La torture ne peut pas être justifiée”

Interrogé sur le dossier des tortures perpétrées par la CIA, qui a été publié par le sénat américain le 9 décembre, il s’est dit “profondément attristé” et a évoqué les “inquiétudes” qu’il avait eu suite à des bruits de couloirs quand il travaillait lui même pour l’organisation. Tout en précisant qu’il n’était pas “impliqué directement“.

Ce sont des crimes inexcusables. Pensez à l’exemple que cela donne, si une démocratie comme les USA peut commettre ce genre de choses, comment dire ensuite à pays autoritaires qu’ils ne peuvent pas en faire autant ? Qu’est ce que ça implique pour le futur de nos sociétés ? [...] Si aujourd’hui on peut justifier la torture en expliquant qu’elle était nécessaire, qu’en sera-t-il demain ? On justifiera l’utilisation du viol ? La notion d’efficacité ne peut être une justification valable. Elle n’a pas sa place dans le débat“.

La CIA aurait apparemment délocalisé ses centres de tortures et plusieurs pays seraient directement impliqués dans un réseau qui aurait facilité ces pratiques. La France n’en fait pas partie, comme le révèle une carte publiée par The Guardian.

Not a bad day to be French. pic.twitter.com/Tv3JB2CJqM

— Vincent Baby (@vb2b) December 10, 2014

Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2014/12/1...

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