Et Ludes, et moi*

, par  lapinardotheque , popularité : 2%
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*on est heureux comme ça.

Pour ne pas changer, je vais encore vous parler d’un petit producteur, dont les bouteilles se font rares. Pas par snobisme. Pas par effet de mode. Pas que pour contrecarrer les grosses maisons, ou faire de la langue de bois, brosser dans le sens du poil les quelques électrons bobos de la toile, qui ne jurent que par le confidentiel et l’introuvable (à condition que ce soit estampillé vu sur facebook, faut pas déconner. D’ailleurs, à ce propos, il est amusant de constater parfois comme certaines cuvées censées « inatteignables » garnissent avec une régularité métronomique chaque semaine le fil d’actualité. Bref).

Si j’en parle, ce n’est pas (que) par philosophie, c’est surtout parce que c’est bon. Bon. Point barre.

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Bien évidemment, la champagne c’est tout un tas de productions différentes, entre grosses maisons, marques, propriétés familiales, coop’, viticulteurs, vignerons indépendants… Les marques et les grosses maisons bénéficient déjà d’une aura et d’une pub certaine, alors permettez que je ne m’attache pas à les présenter (certaines sont chères à mon cœur, je vous ferais dire).

Direction Ludes, où après tours et détours, je finis par dégoter ce que je cherche. La maison Bérèche, j’en ai déjà parlé ici. Le cran 2006fait partie de mes absolus coups de cœur récents.

On bosse ici avec le respect du vivant. Pas d’herbicides, priorité au travail du sol et enherbement, plus des préparations de plantes pour « soigner » les vignes.

Bérèche, dont les vignes se situent en vallée de la marne et montagne de Reims c’est désormais (surtout) deux frères. Ce n’est pas un domaine en génération spontanée, puisque les frangins sont la cinquième génération de vignerons. Vincent, le plus jeune, principalement à la vigne et que je n’aurais pas l’occasion de croiser, et Raphaël, l’ainé. J’ai failli écrire « le plus vieux » mais sachant qu’il a tout juste 32 ans, est-ce bien raisonnable ?

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C’est avec lui que je goute les vins.

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Par parenthèse, c’est avec ces très jolis verres que l’on déguste. Les plus pointus auront reconnu le Zalto. D’une finesse, d’une légèreté incomparable : c’est absolument génial en main, puisqu’on a l’impression de ne quasi rien avoir entre les doigts. Au niveau buvant, c’est pareil : très fin, du coup, pas parasité on est concentré sur le vin : quand il s’agit d’une bulle, c’est encore mieux. Le nec plus ultra ? Bémol : quand j’ai regardé le prix de ces verres, j’ai tourné de l’œil. Environ 30 euros l’unité, pour un contenant que tous estiment très fragile – et connaissant mes manières d’orignal mal dégrossi- c’est peut-être pas le meilleur plan du monde. Ceci dit, si un cheik amoureux m’en offre une palette, je serais pas du tout contre (l’idée, pas contre le cheik, hein).

Parenthèse fermée, premier vin : brut réserve.

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Une constante : les vins sont ici très peu dosés. Hurlez si vous voulez, je persiste à penser qu’un vin bien fait et équilibré peut se passer de dosage ou tolérer un dosage très faible (read all my words, ça ne veut pas dire que ce soit souhaitable chez tout le monde, au risque de décrocher des dents abruptement). Les trois champenois ensemble, chardonnay, meunier et pinot noir s’équilibrent et se répondent : du fruit, une pointe saline, pas d’excès. C’est un boulot bien fait : apéro, grave.

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Le deuxième sur le grill, c’est ceci : un rosé ! On entend et lit tout sur le rosé, le pire comme le meilleur, en passant par les âneries girly de rigueur. Mélangez-moi tout ça, faites une boule, avalez. On est loin, loin du compte. Ceci est surprenant. D’abord c’est un extra-brut, ce qui est loin de sombrer dans le cliché rosé= sucre. Pour autant, ce n’est pas agressif. C’est pur, subtil. Une fraise encore humide, une cerise rougie, derrière un léger fumé, du gout, du vrai, loin des ersatz et des machins machinés. Longueur assez impressionnante, où le fruit continue de se dérouler, velours. La finale claque. La bulle, je n’en ai pas parlé ? Elle est bien là, mais juste en soutien. La star c’est le vin, alors les bulles lui laissent de la place, fines, nombreuses mais élégantes. J’adore. 60 % pinot noir 30 % chardonnay 10 % pinot meunier

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Allez, au suivant. Au suivant.

Cette cuvée Reflet d’antan est un genre d’hommage aux temps qui passe, et aux générations précédentes puisqu’il s’agit d’un vin « perpétuel ». Usage qui prend tout son sens ici, dans cette région où on pratique l’assemblage de millésimes (vins de réserve). Comment on fait ? On démarre une année, une cuve ou un fut avec un vin. Puis tous les ans on l’ « enrichit » avec le vin de cette année. Après quelques mois on en préleve un certain pourcentage qu’on embouteillera. Ça permet donc d’avoir, selon le moment où l’on a commencé la solera, un assemblage plus ou moins complexe d’années. Ce reflet d’antan vient d’une solera débutée en 1985. Okay, mais concrètement ça donne quoi ? Riche, onctueux, crémeux presque, avec un nez de noisette et de beurre, c’est un tout autre style que les précédents. Il me plait un peu moins, mais c’est mon gout, qui n’a pas valeur d’évangile. C’est un vin de table, je l’imagine s’accordant mieux mes faveurs avec des ris de veau- champignons ou une volaille crémée. L’assemblage est identique , d’année en année : pour tiers pinot noir, meunier et chardonnay.

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Attention, OBNI.

Next. Ce champagne est une expérience. Prenez deux frères, à peine trentenaires, dans une région traditionnelle, avec un style de vin particulier,cantonnez-les à quelques parcelles (9 hectares tout de même), ils seront malheureux. A cet age on veut apprendre, tester, expérimenter. Savoir si tel terroir est plus violette qu’acacias, explorer les possibilités de chaque cépage, à fond. Au départ, les frérots comptent acheter des raisins, ou louer des parcelles. Ou acheter. Compliqué, difficile. Mais comment faire alors si on veut découvrir les potentiels de certains crus, au hasard Avize, sans remplir aucune de ces conditions ? Le négoce.

Déguster des centaines de vin, en retenir les meilleurs, travail de fou. Montagne, cote, chacune de ces cuvées sélectionnées est un reflet de son terroir. La cote, ici, est issue à 70% des terroirs d’Avize, à 30% de Grauves. On en tire quelques milliers de bouteilles, le but n’est pas franchement d’en faire un champagne de masse, mais une sorte de révélateur de ce qu’on peut trouver de mieux selon les coins.

La cote est minérale, florale, fine. Un nez très expressif, sans aucune lourdeur, une bouche bien construite, plus élégante que massive. C’est une superbe bulle d’apéro ou de vin de méditation.

Cette dégustation courte m’a permis d’un peu mieux connaitre les jolis vins de Bérèche : si vous en trouvez, foncez, c’est pur, franc, et sincère.

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Voir en ligne : http://lapinardotheque.wordpress.co...

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