“Exhibitionism” : à Londres, les Stones choquent encore

, par  Johanna Seban , popularité : 1%
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“Tongue and slip”

A Londres, dans le cossu quartier de Sloane Square, la Galerie Saatchi accueillera Exhibitionism, une grande exposition consacrée aux Rolling Stones, à partir d’avril 2016.

Réunissant instruments, archives personnelles, costumes, extraits de journaux intimes ou photographies, l’événement promet de présenter, à travers neuf galeries thématiques, cinq cents pièces rares ou inédites qui ont fait l’histoire du groupe.

Réalisée par le designer anglais Mark Norton, l’affiche de l’exposition figure la partie inférieure du corps d’une jeune femme vêtue d’une culotte taille basse sur laquelle a été plaqué l’emblématique logo du groupe.

Publicité, le nombril du monde

L’affiche a été censurée par la direction du métro et des bus londoniens, Transport for London, qui a demandé à ce que lui soit fournie une autre version. La différence entre cette nouvelle mouture et la précédente  ? La bouche qui tire la langue a été élevée de quelques centimètres pour se retrouver, non plus sur la culotte de la jeune femme, mais plus sagement au niveau de son nombril.

Sa position initiale avait été jugée trop “risquée et suggestive” par Exterion Media et Clear Channel, les sociétés de publicité par affichage en charge de la campagne. Réaction des membres du groupe via leur porte-parole : “Nous sommes éberlués et perplexes face à cette décision plutôt stupide. Peut-être, celle-ci doit-elle son existence au fait qu’il s’agit des Rolling Stones et que les polémiques semblent poursuivre le groupe où qu’il aille.”

Sexe, drogue, rock’n’roll et censure

Les Stones en connaissent un rayon en matière de censure. En 1967, pour passer sur le plateau américain du Ed Sullivan Show, ils durent transformer leur Let’s Spend the Night Together en Let’s Spend Some Time Together. Neuf ans plus tard, l’affiche promotionnelle de leur album Black & Blue, qui mettait en scène le mannequin Anita Russell ligotée et des bleus plein les cuisses, avait été censurée à Hollywood…

Mais, pour citer Dylan, les temps ont changé. Et, en 2015, la censure imposée ici semble incroyable et disproportionnée : l’affiche de l’expo paraît même assez sage au vu des chapitres les plus sulfureux de l’histoire du groupe, dont on rappelle que son ADN est composé de rock bien sûr, mais aussi de drogues dures, de sexe, d’alcool…

Les messieurs d’Exterion Media et de Clear Channel, aussi, savent-ils qu’ils travaillent ici pour une exposition consacrée à un groupe qui, en 1970, avait composé Schoolboy Blues (souvent connu sous le nom de Cocksucker Blues), dont les paroles interrogeaient : “Oh where can I get my cock sucked ?/Where can I get my ass fucked ?” A notre tour, donc, de nous interroger : la culture rock doit-elle être lissée, blanchie, pour pouvoir s’afficher sur les murs du métro  ?

En chiffres

1970 L’année de la création du logo des Rolling Stones. Les Anglais le nomment “tongue and lips” (“langue et lèvres”). Il a été inventé par John Pasche, un étudiant du Royal College of Arts de Londres à qui le groupe avait passé commande. Pulpeuses, les lèvres renvoient à celles de Mick Jagger tandis que la langue tirée symbolise l’esprit rebelle du groupe.

1 Le nombre de rumeur ayant attribué la paternité du logo à Andy Warhol. L’erreur est due au fait que le logo apparaît pour la première fois sur le visuel intérieur de l’album Sticky Fingers. Un disque à la pochette mythique réalisée par Warhol, qui figurait, en gros plan, l’entrejambe d’un homme en jean, et sur laquelle avait été incrustée une véritable fermeture Eclair.

92 500 En dollars, le prix payé, lors d’une vente aux enchères aux Etats-Unis en 2008, par le Victoria and Albert Museum de Londres pour acquérir le dessin original du logo.

Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2015/07/2...

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