For musicians only (*), ou petit panorama des éditeurs musicaux libres

, par  Vincent Gay , popularité : 1%

De mon point de vue le domaine de la notation musicale représente presque caricaturalement le microcosme linuxien :

  • un logiciel phare (Lilypond) permettant de produire un résultat hors du commun mais au prix d’un apprentissage difficile et d’un environnement pas franchement ergonomique.
  • un éditeur WYSIWYG (MuseScore) et un séquenceur (Rosegarden) se positionnant comme alternatives libres aux ténors des logiciels propriétaires (Finale, Sibelius ou Encore pour l’un, Cubase pour l’autre).
  • une flopée de logiciels gravitant autour, plus ou moins bien ficelés et naviguant entre version bêta et abandonware.

Voici un tour d’horizon des solutions que j’ai testées sur le sujet de la notation musicale. Vous trouverez donc dans la seconde partie de la dépêche un panorama des éditeurs musicaux vus par un musicien libriste (Frescobaldi, LilyPondTool, Lied, Rosegarden, Denemo, Laborejo, NoteEdit, Canorus, Nted et MuseScore).

(*) For musicians only est un album de Jazz paru en 1958 réunissant Dizzy Gillespie (trompette) Sonny Stitt (saxophone alto), Stan Getz (saxophone ténor), John Lewis (piano), Herb Ellis (guitare), Ray Brown (contrebasse) et Stan Levey (batterie).

NdM : merci à Vincent Gay pour son journal.

Sommaire

Préliminaire : Ma pratique musicale

Pour résumer je suis saxophoniste amateur, compositeur et arrangeur pour mon groupe de jazz. Nos thèmes sont entièrement écrits même si, jazz oblige, la plus grande liberté est laissée au musicien pour l’interpréter. Les partitions qui en découlent comprennent, outre les portées de notes, la grille harmonique servant de support aux chorus. Le résultat consiste en un fichier PDF par instrument plus un conducteur (tous les instruments).

Pour faire cela l’idée est d’utiliser un éditeur visuel avec un rendu moyen, mais la possibilité de jouer la musique grâce au synthétiseur midi et, une fois la musique entrée, d’exporter au format lilypond pour la mise en forme.


Voici un exemple de ma production.

Liminaire : le midi sous Linux

Dans une vie antérieure (quand j’utilisais Windows il y a une quinzaine d’année…) et que j’ouvrais un séquenceur midi, j’avais du son, sans me poser de question. Depuis que je suis libre, il n’en va plus de même : il faut préalablement que je m’assure qu’un synthétiseur midi est correctement lancé (en root) et qu’il ne soit pas en conflit avec ces rogntudjû de « serveurs de son » genre Pulseaudio ou Phonon (bon, ça aussi ça fait un baille que je m’en suis libéré, alsa m’est bien suffisant). Après, il faut aussi vérifier que l’application est bien connectée. Et au bout de quelques heures, ça finit parfois par tomber et faut tout relancer ! Bon, pour être honnête les choses commencent à évoluer : certains logiciels (par ex MuseScore) peuvent s’appuyer sur des synthétiseurs intégrés.


À ce jour j’utilise Fluidsynth ou Timidity.

À tout seigneur tout honneur : commençons par Lilypond

Bien loin des clicodromes standards, Lilypond est en fait un langage descriptif permettant de produire un fichier source qui sera ensuite compilé. Il faut donc apprendre une syntaxe et de nombreuses règles… qui sont susceptibles d’évoluer d’une version à l’autre.

Pour faire court, l’intérêt principal que je trouve à Lilypond, c’est de pouvoir faire exactement ce que je veux avec une qualité de sortie irréprochable. Pour nous aider, une documentation abondante et une communauté active et bien sympathique.

Pour utiliser Lilypond il suffit, a priori, d’un éditeur de texte, d’un terminal et d’une visionneuse poscript/pdf pour voir le résultat. Optionnellement, un lecteur midi car Lilypond sait aussi produire du midi. Ah, il faut aussi pouvoir lire l’abondante documentation, du courage et une bonne dose de patience :).

Dans les faits il existe des éditeurs de texte spécialisés comme Lilypond (Frescobaldi) ou disposant d’un greffon dédié (jedit).

Frescobaldi

C’est un éditeur de texte dédié à LilyPond, avec coloration syntaxique, visionneuse PDF et lecteur midi intégrés. La fonction « point and click » permet de rapidement retrouver la correspondance entre le PDF et le code, et ce dans les deux sens. Quelques palettes d’outils permettent un accès rapide à des symboles dont on aurait oublié la syntaxe et on peut afficher la documentation Lilypond à partir d’un emplacement local ou d’une URL. Les différents panneaux qui le composent peuvent être ancrés à la fenêtre principale ou détachés, ce qui est bien pratique quand on a un double écran. Il ne fait pas le café, c’est à mes yeux son seul défaut. Vous aurez compris que c’est mon outil préféré.

LilyPondTool

C’est un greffon pour jedit, qui se positionne sur le même créneau que Frescobaldi. Valentin Villenave, un des grands manitous lilypondesques francophones, ne jurait que par ça. Il est vrai qu’à l’époque Frescobaldi n’existait que pour Linux, ce qui n’est plus le cas. Perso, le java je le préfère dans une tasse que sur mon écran.

Lied

C’est pour être exhaustif, je ne l’ai pas essayé, mais il semble bien moins complet et pas très actif.

Les éditeurs musicaux compatibles

Il y a quelques intérêts à saisir la musique dans un éditeur musical

  • c’est plus rapide (quoique…) et plus intuitif
  • on entend la note en la saisissant, ce qui évite bien des erreurs
  • on peut plus facilement rejouer tout ou partie du morceau (positionnement exact).

Encore faut-il que l’éditeur en question exporte correctement les données au format Lilypond. Ce qui n’est pas toujours gagné.

Rosegarden

C’est le séquenceur emblématique du libre. Il sait faire des tas de choses (dont je n’ai pas forcément l’usage) comme mélanger du midi et de l’audio, il est compatible avec jack, hydrogen et ardour, dispose d’un éditeur super complet… sauf pour les reprises (|| : --- :||). Arf… dans mon cas c’est rédhibitoire. Et la gestion des noms d’accord n’a pas l’air non plus d’être compatible Lilypond. C’est donc sans doute un bon logiciel mais qui ne correspond pas du tout à mon besoin.

Denemo

Il est présenté comme un frontend pour Lilypond. A priori, ça devrait me convenir, si ce n’est qu’il est encore en bêta, que son interface est loin d’être intuitive et que la documentation est tout juste embryonnaire. J’ai passé des heures carrées à essayer de deviner comment m’en servir, j’abandonne pour l’instant (mais je garde un œil dessus).

Laborejo

Lui aussi est un frontend pour Lilypond, mais en version alpha ! Pour le peu que j’ai pu tester, la saisie des notes au clavier n’est pas des plus pratiques. On verra plus tard !

NoteEdit

C’est le premier éditeur que j’ai utilisé sous Linux, mais il est à l’abandon depuis 2006. Dépendant de bibliothèques exotiques et / ou périmées, je ne peux plus l’installer sur ma distribution ArchLinux. Son seul gros défaut était sa gestion des noms d’accords, non compatible avec Lilypond.

Canorus

Cela aurait dû être le successeur de NoteEdit, repris par une nouvelle équipe, mais la dernière version stable (0.7) date de 2009 et il manque encore quelques fonctionnalités importantes. Encore un peu d’activité sur le site mais ça commence à ressembler à un abandonware.

Nted

C’est l’œuvre de l’auteur initial de NoteEdit dont il reprend les principes. L’interface est carrément spartiate (voire bizarroïde) mais l’essentiel est là et le défaut sur les noms d’accord est corrigé. Pour entrer les notes à la souris, il y a une petite boîte à outils pas trop pratique dont le seul intérêt est de libérer l’écran au bénéfice de la partition. Heureusement, il est possible de pratiquement tout rentrer au clavier, ce qui est toujours la solution la plus rapide.


La documentation est assez complète (pas trop sexy non plus), j’essaierai d’en faire une traduction française, si j’en ai le temps un de ces jours.


L’export au format Lilypond est correct et on peut importer des fichiers musique xml ce qui me permet de récupérer tout mon travail antérieur.

MuseScore

Là on est franchement quelques crans au-dessus (excepté Rosegarden). L’interface est propre, bien léchée et suffisamment intuitive. Il est naturellement possible d’exporter au format Lilypond, mais la composition interne n’est pas ridicule et peut parfaitement convenir à des utilisateurs moins exigeants. Ici aussi, on peut importer au format xml. Petit bug sur l’export Lilypond en ce qui concerne les noms d’accords, bug que j’ai rapporté sur la page qui va bien. À suivre…

Actuellement j’utilise alternativement Nted et MuseScore

Conclusion

Voilà, ce n’est là qu’une simple présentation des principales solutions que je connais.


Pour compléter votre information je vous convie à visiter l’excellent LinuxMAO.

À l’occasion, et si ça intéresse, je ferai un article plus détaillé sur mon emploi du couple Lilypond / Frescobaldi.

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Cet article est repris du site http://linuxfr.org/news/for-musicia...

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