Google au chevet de la presse française, un accord volontariste mais fragile

, par  Jean-Marie Durand , popularité : 1%

Capture d’écran

Qualifié d’”historique” par ses contractants, l’accord récent scellé entre Google et les éditeurs français de presse sauvera t-il les journaux d’information générale, papier et pure players (Médiapart, Rue 89, Arrêt sur images, Slate, Atlantico, Huffington Post…) ? Les 60 millions d’euros promis par Google et mis à disposition des éditeurs leur permettront-ils de respirer enfin ? Le deal a été révélé le 1er février à l’Élysée, en présence de François Hollande, d’Eric Schmidt, patron de Google, de Marc Schwartz, médiateur du dossier, et de Nathalie Collin, qui représentait les éditeurs de presse. Si cette manne financière peut paraître, de prime abord, salvatrice, elle a suscité des réactions mitigées. Quand les uns vantent un accord minimal, dont le mérite est de créer un effet de rupture dans le principe des aides à la presse, les autres déconstruisent l’idée du miracle absolu et rappellent que l’état de la presse n’en sera pas modifié. Bref, que tout reste à faire et à inventer pour la sauver de son marasme.

La menace de François Hollande 

Alors, mi-figue mi-raisin, ou mi-fugue mi-raison, cet accord ? D’un point de vue pratique, l’accord semble évidemment important. C’est la première fois que le géant américain accepte de verser ses propres ressources dans un fonds d’aide à la transition numérique. Comme le faisait remarquer Nathalie Collin, présidente de l’association de la presse d’information générale (qui regroupe 400 titres de presse et 160 sites internet), “pour la première fois, un géant technologique d’internet a pris conscience que les contenus étaient importants pour eux”. L’accord permet, il est vrai, à Google d’éviter un débat parlementaire qui aurait pu être plus tendu à son égard.

François Hollande avait en effet prévenu que si les deux parties ne parvenaient pas à un accord, une loi générale serait envisagée. Alors que le système de distribution de la presse française traverse la plus grave crise de son histoire, l’accord résonne donc comme un soulagement momentané pour Google, l’État et la presse. Mais peut-il inscrire son efficacité dans la durée ? C’est une des interrogations que soulève l’accord, également contesté pour ses trop faibles investissements et pour l’opacité de son versant commercial. 60 millions sur trois ans, c’est en effet beaucoup au regard des rares investissements réalisés par la presse dans le numérique, mais très peu au regard du chiffre d’affaires de Google (qui fait, dit-on, plus d’un milliard d’euros de recettes en France).

Un accord et des flous

Surtout, l’accord avance masqué sur son versant commercial. “La mise à disposition des moyens techniques” de Google, prévue par l’accord, reste assez trouble dans ses intentions concrètes. C’est ce que reproche le syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), qui a demandé à ce que les termes de l’accord soient “rendus publics”. Comment le fonds de transition va-t-il organiser ses procédures ? À partir de quels critères les aides seront-elles accordées ? Constitué d’éditeurs et de personnalités indépendantes, ce fonds devrait clarifier ces questions dans les semaines à venir et commencer à traiter les dossiers. Ils devraient être nombreux, urgents, comme des appels au secours, auxquels Google, en dépit de sa puissance habilement protégée, ne pourra répondre seul. Sa charité affichée risque de ne représenter que quelques miettes offertes à des éditeurs sans-abri.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/02/1...

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