“Les Minions”, un produit dérivé fade et sans fantaisie

, par  Léo Moser , popularité : 1%
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On les avait rencontrés en 2010 dans Moi, moche et méchant, film d’animation produit par Universal Pictures et réalisé par le studio français Illumination Mac Guff. Ils sont depuis devenus de véritables mascottes, vendant des peluches par palettes, squattant une demi-douzaine de pubs, envahissant les stations de métro, et faisant vibrer le gosier de millions d’enfants. Les Minions, petites créatures jaune banane tendance mignons/déjantés sont de retour dans un nouveau film et passent du rôle de simples sous-fifres du super-méchant Gru, à celui de héros à part entière d’une nouvelle aventure.

Depuis la nuit des temps, les Minions n’ont qu’un but : servir les vilains. Après quelques essais peu fructueux auprès d’un tyrannosaure, de Gengis Khan ou de Dracula, les petits bonshommes jaunes hibernent dans la grotte d’un glacier et fondent leur propre société. Oui mais voilà, quand ils n’ont plus de méchants à servir, les Minions dépriment. Les siècles s’écoulent dans la monotonie jusqu’à ce que trois d’entre eux entreprennent de partir en quête du super-vilain parfait. Ils se rendent à la conférence des méchants, qui se tient à Orlando aux Etats-Unis et y rencontrent leur idéal diabolique : Scarlet Overkill, la reine des vilains.

Moi, moche et méchant jouait sur un concept simple mais efficace : faire du vilain le héros du film. Les Minions aurait pu accentuer le contre-pied, en hissant de vulgaires serviteurs du mal au rang de personnages principaux, mais le concept est vite désavoué quand, suite à une mésentente, Scarlet Overkill devient la méchante effective du film et l’antagoniste des Minions. Le métrage se sabote en reprenant à mi-chemin la forme traditionnelle du film pour enfants plutôt que de gager sur une déconstruction de ses codes, comme pouvait le laisser présager son pitch dans sa volonté d’inverser et de réenvisager les rôles.

On se retrouve donc face à un film fade, remplissant un cahier des charges poussif et diluant ses quelques bonnes trouvailles dans un humour très premier degré, pour ne pas dire un peu débile. Le film fonce, démêlant une intrigue alambiquée à renfort de scènes d’action survoltées qui, à terme se perdent les unes dans les autres. Les Minions, qui s’expriment dans un grommelot (sorte d’hybride entre du franglais et de l’espéranto) enchaînent idioties et rires outranciers qui feront certainement le bonheur des plus jeunes mais laisseront les plus grands sur leur faim. N’est pas Pixar qui veut.

Autre bonne idée sabrée, la toile de fond du long métrage. Les Minions se retrouvent plongés dans le New York (puis le Londres) de 1968. Il s’avère qu’il ne s’agit au final que d’une justification scénaristique pour faire du film une préquelle à Moi, moche et méchant et qu’à part alimenter la bande originale de tubes des Beatles, des Doors ou des Turtles (ce qui n’est certes jamais désagréable) et faire deux trois clins d’œil (un hippie dans une camionnette Volkswagen par ici, quatre garçons qui traversent Abbey Road par là), le film n’exploite pas son contexte comme il aurait pu.

Les Minions est donc une sorte de produit dérivé sans fantaisie recyclant timidement un humour vu et revu, mais suivant une recette bien huilée qui devrait lui assurer un carton en salle, et très certainement le plébiscite des plus jeunes.

Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2015/07/0...

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