Parler pour ne rien dire

, par  Olivier Duquesne aka DaffyDuke , popularité : 2%

Mesdames et messieurs ... ,

Je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire. Oh ! Je sais ! Vous pouvez pensez : "S’il n’a rien à dire, il ferait mieux de se taire."

Evidemment, mais c’est trop facile ! ...

C’est trop facile ! ...

Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux ? Et bien non ! Moi, mesdames et messieurs, quand je n’ai rien à dire, je veux que çà se sache ! Je veux en faire profiter les autres ! Et si, vous-memes, mesdames et messieurs, vous n’avez rien à dire, et bien, on en parle, on en discute !

Je ne suis pas l’ennemi du colloque. Mais me direz-vous, si on parle pour ne rien dire, de quoi allons nous parler ?

Et bien de rien ! De rien !

Car rien, ce n’est pas rien : la preuve, c’est qu’on peut le soustraire. Rien moins riens ... moins que rien. Si on peut trouver moins que rien, c’est que rin vaut déjà quelque chose. On peut acheter quelque chose avec rien. En le multipliant. Une fois rien ... c’est rien. Deux fois rien... ce n’est pas beaucoup. Mais trois fois rien ... pour trois fois rien on peut déjà s’acheter quelque chose ... et pour pas cher !

Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois rien : Rien multiplié par rien, c’est rien. Trois multiplié par trois, c’est neuf. Cela fait rien de neuf ! Oui, ce n’est pas la peine d’en parler....

Parlons d’autre chose.... Parlons de la situation. Tenez, sans préciser laquelle. Si vous le permettez, je vais faire brièvement l’historique de la situation. La situation, pour n’etre pas pire que celle d’aujourd’hui n’en était pas meilleure non plus ! Déjà, nous allions vers la catastrophe et nous le savions.... Nous en étions conscients ! Car il ne faudrait pas croire que les responsables d’hier étaient plus ignorants de la situation que ne le sont ceux d’aujourd’hui !

Oui ! La catastrophe, nous le pensions, était pour demain. C’est à dire qu’n fait elle devait etre pour aujourd’hui ! Si mes calculs sont justes !

Or que voyons nous aujourd’hui ? Qu’elle est toujours pour demain ! Alors, je vous pose la question, mesdames et messieurs : Est-ce en remmettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour meme que nous l’éviterons ?

D’ailleurs, je vous signale entre parenthèses que si le gouvernement actuel n’est pas capable d’assurer la catastrophe, il est possible que l’opposition s’en empare ! Bref...

Je n’ai rien à vous dire !!

© Raymond Devos (humoriste français) - Tous droits réservés

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