“Zero Dark Thirty”, “Django Unchained”, “Jack Reacher” : histoires de vengeances

, par  Jacky Goldberg , popularité : 2%

Jamie Foxx et Leonardo DiCaprio

Justice est faite” : c’est en ces termes que Barack Obama accueillit l’exécution d’Oussama Ben Laden le 2 mai 2011. Une exécution sommaire, sans autre forme de procès. Il fut un temps où, entre tuer ou arrêter un vilain, le héros d’une fiction américaine choisissait souvent la seconde option. Souvent caricaturaux (“non, ne le tuez pas, ou c’est lui qui aura gagné !”), ces dilemmes-là avaient l’avantage d’enseigner la différence fondamentale entre la vengeance – désirée par le spectateur – et la justice – plus frustrante. Ce temps-là semble révolu : le 11 Septembre en avait déjà affaibli les termes (avec notamment une résurgence du vigilante movie), sa conclusion symbolique achève d’en détruire la logique.

Plusieurs films récents, bons ou excellents par ailleurs, se sont fait l’écho de ce changement profond des mentalités. Il y a d’abord Django Unchained. La vengeance a toujours irrigué l’oeuvre de Tarantino. Pourtant, encore plus que dans Inglourious Basterds où l’on n’avait pas l’occasion de s’attacher aux nazis (à part à Christopher Waltz, mais qui justement survivait), ce motif revêt dans Django Unchained un aspect plus cruel et injuste – au sens où justice n’est pas rendue. La vengeance y est présentée comme naturelle et bonne. Autre exemple, encore plus implacable  : Jack Reacher. Une des particularités de ce justicier interprété par Tom Cruise est de ne jamais tirer une balle : il neutralise ses adversaires mais ne les tue pas. Tous sauf un, son plus grand : Werner Herzog, abattu de sang-froid, de peur que la justice ne soit pas, ou mal rendue.

Troisième exemple, le plus significatif car le moins fictionnel : l’exécution de Ben Laden dans Zero Dark Thirty. Kathryn Bigelow refuse, au moment fatidique, de filmer le visage du cadavre – puisqu’après tout, personne ne l’a vu à part quelques soldats, ce cadavre – et ainsi souligne, brillamment, le terrible vide que la vengeance engendre. Non, justice, “cette droiture d’accueil faite au visage” selon Levinas, n’a pas été faite

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/01/2...

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