Tom Cruise dans "Minority Report"

Vous n’avez pas commandé le dernier tome de la trilogie 1Q84 d’Haruki Murakami et d’ailleurs vous ne comptiez pas le lire parce que vous avez détesté les deux premiers (ce qui n’est pas notre cas, hein) ? L’entreprise Amazon a elle décidé, comme une grande fille, que vous deviez lire le troisième volet, tout simplement parce que vous aviez commandé via son site les deux premiers.

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Ce récit fictif un peu angoissant pourrait prochainement devenir notre réalité, nous apprend le Wall Street Journal qui s’est procuré le brevet déposé par Amazon permettant la mise en place d’un programme de livraison basé sur l’anticipation des achats. Traduction : en s’appuyant sur vos précédentes commandes, Amazon choisira des produits qui pourraient vous plaire et les expédiera dans un centre ou un camion près de votre adresse de livraison où ils seront stockés jusqu’à ce que vous validiez le choix. Il n’y aura donc (ouf) aucune obligation d’achat. Le tout sera rendu possible grâce à un “algorithme spéculatif capable d’anticiper les besoins/les envies, étape qui découle logiquement du super ciblage publicitaire que nous vivons actuellement“, nous explique Florence Corvisier, journaliste à Gizmodo. Objectif du projet : raccourcir le temps de livraison pour le produit qu’Amazon prévoit que vous allez acheter, et ainsi augmenter les chances que vous l’achetiez sur Amazon.

Le laboratoire de demain

La chose, elle, est a priori tout à fait légale…. à condition que les clients d’Amazon soient bien prévenus que l’entreprise utilise leurs informations pour leur nouveau programme, nous précise Eric Barbry, avocat spécialiste du droit numérique, contacté par téléphone.

“Il y a les collecteurs d’informations déloyaux et les collecteurs loyaux. Mais souvent, une collecte que l’on pensait déloyale et donc illégale car réalisée à l’insu de la personne visée s’avère légale parce qu’ils ont inséré une ligne dans un formulaire, dans un mail…”

Et d’expliquer que le manque d’attention porté aux formulaires des entreprises est le véritable problème, qui existe d’ailleurs déjà. “Reste à savoir si cette règle va continuer à fonctionner dans un monde interconnecté.” Selon lui, le dépôt de ce brevet annonce ce vers quoi va évoluer le e-commerce : “Amazon est à la pointe de la technologie, de l’idée d’objet connecté. Avec Google, c’est le laboratoire de demain“.

Un avis partagé par Florence Corvisier, pour qui ce futur programme de livraison traduit la volonté d’Amazon de se différencier. “C’est également une excellente publicité pour l’entreprise, qui améliore de facto son image et sa notoriété tout en passant pour précurseur. Si Jeff Bezos est souvent critiqué, il n’empêche que c’est un esprit novateur suffisamment fou et – force est de le reconnaître – riche, pour déployer ce type de programme à l’échelle du grand public. Bezos est un visionnaire qui souhaite révolutionner le commerce, il est prêt à se donner les moyens de le faire.” Reste à savoir si le programme permettra vraiment à l’entreprise d’augmenter ses ventes en promettant des temps de livraisons plus courts grâce à la proximité des produits.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2014/01/2...