Baxter Dury en 4 albums

, par  Thomas Burgel , popularité : 2%
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LEN PARROT’S MEMORIAL LIFT (2002)

2002. Baxter Dury est alors un parfait inconnu. Son papa, non : Ian Dury, rocker à poliomyélite, chanteur de l’emblématique Sex & Drugs & Rock & Roll avec les Blockheads en 1977, fut l’une des grandes figures du punk londonien. C’est à son enterrement, en 2000, que Baxter chante pour la première fois en public ses propres chansons. Deux ans plus tard, le fils de, aidé par Adrian Utley de Portishead ou par Richard Hawley de Pulp, sort un premier album sur Rough Trade, Len’s Parrot Memorial Lift. Un disque splendide au psychédélisme spectral, aux mélodies phosphorescentes, des chansons vénéneuses aux discrètes préciosités, des petits tubes éclairés par les néons plutôt que par le soleil. Le premier morceau de Len’s Parrot Memorial Lift s’intitule Beneath the Underdog soit quelque chose comme “en dessous de l’outsider” : les espoirs sont pourtant grands et Baxter s’est déjà fait un prénom.

FLOORSHOW (2005)

Un prénom qui manque pourtant de s’effacer quand, en 2004, le Londonien publie son deuxième album Floorshow : plus ouvertement pop, beaucoup plus musclé, toujours assez tordu mais peuplé de quelques grandes chansons (la géniale Cocaine Man en tête), bien reçu par la critique, l’album ne se vend pas et le garçon peine à tourner. Une période dure admet désormais l’Anglais, qui devra traverser cinq années d’ombre presque totale pour retrouver un contrat et publier un nouvel album. “Mon premier album a été plutôt bien accueilli, et je pense qu’il était plutôt bon, il y avait une crudité, une innocence, voire une stupidité que j’aime bien”, nous expliquait-il récemment. “C’était suffisant pour moi, j’étais jeune, je ne pensais pas encore à ma survie : ça a construit les toutes premières fondations d’une carrière potentielle. Le deuxième album, Floorshow, n’était en revanche selon moi pas très bon, et ne méritait pas d’être bien reçu. Il prenait sa source dans un moment intime difficile pour moi, dans des choses sombres. J’avais eu un bébé avec quelqu’un avec qui je n’étais pas, je n’étais pas stable, je l’ai enregistré avec des gens qui buvaient vraiment beaucoup ; c’était presque effrayant pour moi, je suis quelqu’un de sensible, je n’étais forcément à l’aise avec des gens qui me semblaient aller trop loin, même si c’était des copains. La période n’était pas vraiment plaisante. C’est sans doute, des quatre albums, le moins sincère : il est un venu de manière un peu forcée, parce que je devais boucler un contrat, et on ne peut pas forcer la musique à venir. J’aime encore certaines de ses chansons, mais globalement c’est celui que j’aime le moins. Il a peut-être constitué une crise de croissance pour moi, je suis passé par mon cliché rock’n’roll, de manière un peu malaisée, mais ça m’a poussé, la trentaine passée, à digérer ça et à repartir ensuite de zéro.”

HAPPY SOUP (2011)

Le reset se fait au début des années 10 : après sa longue traversée du désert, lâché par Rough Trade, Baxter Dury est finalement signé pour un single et un album sur le prestigieux Parlophone. L’album, chanté avec la délicieuse Madeleine Hart, se nomme Happy Soup et le single s’intitule Claire. Un prénom français, et c’est effectivement dans l’hexagone que le miracle, inespéré, s’accomplit. Increvable collection de chansons discoïdes au glamour terne et au brillant vicelard, alignement de petit tubes pop sexys, minimaux et chancelants, l’album passe relativement inaperçu en Grande-Bretagne mais se vend plutôt bien en France. C’est surtout sur les scènes françaises, lors d’interminables tournées, que le Londonien récolte enfin l’amour qui lui est dû depuis toujours, tardive révélation : gouailleur charmant et chanteur hilarant, le dandy Dury s’invente un personnage presque par accident, et ajoute à son immense qualité de songwriter pop celle d’un génial entertainer public.

IT’S A PLEASURE (2014)

Six ans se sont écoulés entre Floorshow et Happy Soup : il n’en faudra “que” trois pour que le Londonien puisse à nouveau voir, et offrir, la lumière. Les choses n’ont pourtant pas été faciles : malgré le succès français, et alors qu’EMI est démantelé, Dury se retrouve à nouveau un temps sans label et sans le sous, mais est finalement signé par PIAS et revient cette année avec It’s a Pleasure. It’s a Pleasure n’a pas été un album facile. Il aura nécessité deux ans d’écriture, d’enregistrement, de décisions et d’indécisions, d’essais, d’échecs (une très dispendieuse session à New York a notamment été mise à la corbeille), puis de réussite. De grande réussite, l’immense joie d’It’s a Pleasure portant un nom presque euphémique : chanté cette fois avec la Française Fabienne Delebarre de We Were Evergreen, l’album fait une sorte de somme des trois précédents en étant à la fois très acide et très drôle, très brillant et très glauque, pop comme Floorshow, discoïde comme Happy Soup, bizarre et vaporeux comme Len Parrot’s Memorial Lift. Un grand est (re)né.

Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2014/10/2...

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