Céline Tran (Katsuni) “Le porno n’est plus un monde de fantasmes”

, par  David Doucet , popularité : 2%

Katsuni - Mathieu Sonnet

Quel est le premier site que tu consultes au réveil ?


Mon premier réflexe c’est de consulter les réseaux sociaux. Twitter, c’est vraiment ma petite addiction. Facebook, je l’utilise de manière plus personnelle afin de rester en contact avec mes proches lorsque je voyage.

Quelle utilisation tu fais de Twitter ?


Je l’utilise pour avoir un aperçu de l’actualité du moment. Je ne regarde pas la télé et j’essaye globalement de me protéger du déluge d’informations qui tombe. Avec Twitter, j’ai accès au minimum nécessaire et je peux approfondir ce qui m’intéresse en cliquant sur les liens. Sur Twitter, j’essaye de suivre des gens assez positifs comme Monsieur Poulpe ou François Descraques (réalisateur de la série Les visiteurs du futur) afin d’être de bonne humeur.

Tu as l’impression d’être un peu geek ?


Avec la démocratisation des smartphone, j’ai l’impression que tout le monde l’est. Je ne suis pas une extrémiste qui attend la sortie du dernier Iphone mais j’aime bien l’idée de partager des informations ou des messages avec des gens qui ont la même culture que moi.

Quels sont les retours que tu as sur Twitter ?


Au départ les gens qui me suivaient étaient beaucoup dans la séduction ou la provoc’. Depuis que j’ai arrêté le porno, ça a évolué. Je m’exprime en tant que Céline Tran et mon nom rapport aux gens est extrêmement convivial.

Tu as beaucoup écrit sur web (sur le site des Inrocks ou sur le Plus). Quel bilan tires-tu de cette expérience ?


C’est un bilan extrêmement positif. Dans les deux cas, on est venu à moi pour me proposer un espace afin de m’exprimer. J’ai accepté car ça me permettait de toucher un autre public. S’exprimer pour des sites pour adultes, c’est sympa mais ça limite les échanges. Là, je pouvais exprimer mon opinion et développer un discours qui dépassait celui de la séduction. Sur les Inrocks, j’ai reçu des commentaires de personnes qui pensaient que je n’étais pas derrière ce blog. C’est à la fois flatteur et en même temps énervant parce que ça sous-entend que si on travaille avec son corps, on est incapable de s’exprimer autrement.

Quels sont les sites que tu consultes ?


J’aime bien aller sur Youtube quand je m’ennuie (mais bon, c’est rare !) pour regarder des sketchs ou de vieux épisodes de San Ku Kaï ou X-or. J’aime également trainer aussi sur le site Nanarland car je suis assez fan de ce cinéma de série B, sur le site d’Allociné également.

De tes débuts d’actrice à aujourd’hui, il y a une vraie libéralisation de l’industrie du porno. Quel regard portes-tu sur cette évolution ?


Lorsque j’ai commencé, il y avait encore des cassettes vidéos qui valaient super chers. C’était les années Vivid, l’ère des grandes stars du X. C’était quelque chose de sulfureux, de caché. Ensuite, on a connu l’avènement du gonzo avec des caméras de moins en chères et de plus en plus légères. Internet a bousculé complètement le marché, il l’a démultiplié, il l’a rendu plus accessible et en même temps, il génère beaucoup de piratages. C’est devenu une véritable industrie qui fonctionne par tag, performance et par ethnies…

Beaucoup d’internautes consomment du porn sans payer. Quel regard portes-tu sur le piratage qui s’est aujourd’hui largement répandu ?


Il touche tous les genres et la musique également. Il nuit énormément d’un point de vue économique même si le nombre de personnes qui piratent n’est pas forcément représentatif d’acheteurs potentiels ; il donne de mauvaises habitudes aux nouvelles générations désormais habituées à la gratuité. Et bien sûr, concernant le porno ou tout autre contenu réservé à un public averti, il pose le problème de la diffusion. Un enfant ne devrait jamais être exposé à ce genre de contenu.

C’est une des raisons pour laquelle tu as arrêté ?


Mon choix est le résultat de différentes choses et plus que tout je me sentais prête, c’était une évidence pour moi d’évoluer, mais en effet je ne reconnaissais plus l’univers qui m’excitait à mes débuts. Au début, le porno c’était comme regarder par le trou d’une serrure pour accéder à un monde de fantasmes. Ce milieu a changé et moi également, il y a décalage. C’est le mystère et la conquête qui sont excitants. Pour moi, les fantasmes et le désir sont bien au-delà désormais et ils sont même bien plus nombreux.

Tu continues à regarder du porno ?


Non, et j’ai toujours préféré vivre le sexe plutôt que de le regarder ! Je m’intéresse moins au marché des films porno car je m’investis dans d’autres projets. Quand j’ai arrêté les tournages j’observai une recrudescence des super-productions avec davantage de budgets et des scénarios plus étoffés aux Etats-Unis. Il y a beaucoup de parodies de film de super héros ou de blockbuster. En France, on en a peu conscience car les films américains sont peu diffusés à la télévision. Sur le net, le contenu le plus visible est souvent un contenu cheap et gratuit qui est celui du gonzo. Alors qu’il y a beaucoup de beaux produits, et du porno underground qui existe en parallèle.

Quels sont tes projets désormais ?


J’ai une BD qui va sortir cet été et que j’ai co-écrit, un projet extrêmement stimulant. Vous pourrez me voir dans la série Le Visiteur du Futur, saison 4 diffusé ce mois-ci, c’est mon premier rôle en me présentant sous mon vrai nom, Céline Tran. Ca fait des années que je porte le pseudonyme Katsuni, ça a été mon nom de guerrière en talon aiguille. Et là je reprends mon nouveau nom pour de nouvelles aventures qui ne seront pas de tout repos, j’ai pas mal de surprises en réserve… (rires).

Propos recueillis par David Doucet

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Retrouvez la chronique audio de cette séquence de Touche pas à mon poke sur le site du Mouv’.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2014/01/0...

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