Choisis ton mot d’excuse.

, par  Un odieux connard , popularité : 1%

Comme chaque collégien le sait : "Lorsque l’on est en retard, il faut présenter un mot d’excuse."

Ne cherchez pas d’autres citations issues de la sagesse collégienne : ça s’arrête à peu près là. On parle d’adolescents tout de même, déjà qu’ils ont du mal à utiliser un savon, vous imaginez bien qu’ils ne font pas de grands philosophes. Dans tous les cas, le forban que je suis n’ayant aucune excuse quant à mon propre retard, laissez-moi profiter de cette occasion pour partager les mots d’excuses les plus populaires en ce moment et qui fleurissent bon sur internet grâce à la magie de l’auto-diagnostic et d’une partie du corps médical qui a compris depuis longtemps que la bêtise, à défaut d’être guérissable, pouvait largement être rentabilisée.

Allons-y donc :

Si vous avez entre 4 et 16 ans – l’hyperactivité.

Vous êtes jeune et plein de fougue, et à partir d’un certain âge, plein d’hormones qui transforment doucement votre visage poupin en crumble aux fruits : quelle chance. Seulement voilà, vous êtes aussi un sacripan qui aime bien faire ce qu’il veut quand il le veut puisque l’autorité de vos parents s’arrête à ces phrases mystiques : "Non, ce n’est pas bien !" "Arrête s’il-te-plaît !" "Tu vois bien que tu embêtes la dame à taper dans son siège depuis deux heures !" "Attention !"

Par conséquent, vous faites un petit peu ce que vous voulez, et certaines personnes n’hésitent pas à vous qualifier de "galopin", " de "brigand" voire de "méphitique petit étron". Vous avez bien conscience que le reste du monde a bien envie de vous discipliner en vous collant des pinces crocodiles reliées à une batterie de Trabant sur les tétons, mais vous n’avez pas envie d’arrêter, puisque tout de même, c’est chouette d’être chiant. Rassurez-vous, grâce à l’hyperactivité (c) vous allez enfin pouvoir faire tout et n’importe quoi en expliquant que ce n’est pas votre faute, c’est celle de la nature, alors c’est au reste du monde de vous supporter. Du moins, c’est ce qu’expliquent vos parents, parce que l’hyperactivité (c), c’est tellement bien que ça fait aussi mot d’excuse pour l’échec de la mission parentale.

N’hésitez donc plus : vous n’avez aucune excuse pour vos actes ? Ce n’est pas vous, c’est l’hyperactivité (c).

Et en plus, ça dédouane papa et maman, alors que demande le peuple ?

Si vous avez entre 16 et 24 ans – l’autisme Asperger

Passé 16 ans, c’est fou ce que le nombre d’hyperactifs diminue. Un miracle, probablement, qui n’a rien à voir avec une soudaine envie de ne rien branler (ou l’inverse, ce n’est pas bien clair). Aussi, après avoir cordialement fait chier la moitié de l’humanité durant les premières années de votre vie, comment expliquer que vous n’ayez pas beaucoup d’amis ? Vous passez pourtant vos journées à échanger avec beaucoup de gens sur Twitter et Facebook, mais curieusement, vous avez l’impression que rester chez vous vous isole (c’est fou). Comment arriver à trouver un coupable à tout cela, et ainsi pouvoir avoir encore plus de prétextes à pleurnicheries en ligne (85% de l’activité des réseaux sociaux, rappelons-le) pour faire le kakou ?

Le syndrome d’Asperger(c) est là pour vous.

Syndrome qui a mystérieusement proliféré dans la population ces dernières années, coïncidant exactement avec pléthore de nouvelles séries télévisées où le personnage principal est un génie incompris du reste du monde en partie asocial (c’est fou, le hasard), il permet d’expliquer que l’on est pas comme les autres, et que tout échec est forcément à mettre sur le dos de ce symptôme : c’est pas moi, c’est Asperger(c). Et qu’en plus, vous êtes intelligent d’une manière que le commun des mortels ne peut saisir. Rappelons que le syndrome d’Asperger touche en réalité une infime partie du spectre de l’autisme, lui-même touchant une minuscule partie de la population, mais sitôt que vous allumez Twitter, vous avez tellement d’Asperger que l’intégrale du personnel de l’INSEE devrait se trancher la gorge à la simple idée de l’absurdité statistique qui se cache là-dessous. Le syndrome d’Asperger(c) est par ailleurs très facile à s’auto-diagnostiquer : vous êtes timide ou vous pensez souvent que les gens sont cons ? C’est une "difficulté d’interaction sociale". Vous avez une paire de passions ? Ce sont des "intérêts restreints". Vous vérifiez deux fois que vous avez fermé la bagnole ? Ce sont des TOC. Banco & kamoulox : vous êtes autiste Asperger (c).

Alors, oui, si vous tombez sur quelqu’un qui a déjà vu de vrais autistes Asperger, ça va vite se voir que vous jouez au malade imaginaire. Mais ce qui est bien, c’est que comme peu de gens en ont vu de vrais puisqu’ils sont très rares, vous ne risquez pas trop de les croiser. Et puis sinon, c’est comme la dyslexie pour justifier que vous écriviez comme une merde : dites que vous avez une "forme légère", une "forme particulière" ou bien chloroformez votre interlocuteur.

Vous direz qu’il souffre d’une "forme légère de narcolepsie" aux témoins avant de le charger dans le coffre.

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"Hmmm, encore un patient qui est arrivé en m’expliquant qu’il avait tous les symptômes du diagnostic qu’il voulait après les avoir lus sur internet. Je me demande si ça ne joue pas, genre, un tout petit peu pour lui trouver le diagnostic en question."

Si vous avez entre 24 et 77 ans – L’adulte surdoué, ou Zèbre

Vous n’êtes pas spécialement hyperactif et ne l’avez jamais été ? Vous trouvez que vous dire autiste alors que vous ne l’êtes pas, ça va se voir ? Pas de problème : les "Zèbres" sont là pour vous. Ce nom mystérieux donné par une psychologue auteure d’un livre à succès sur le domaine, a ainsi décidé de qualifier ces "drôles de zèbres" que sont les surdoués. Même si le zèbre reste quand même un animal con comme un cheval, et ne m’entraînez pas sur ce terrain là sinon je vous reparle des dauphins, ah mais. Pour ceux qui n’ont jamais lu le livre en question, dont on ne fera pas la publicité ici, c’est facile : lisez-le, vous allez vous découvrir surdoué. Envoyez-le à n’importe lequel de vos amis, il le sera aussi. Pour ceux qui l’ont, faites le test : si vous trouvez une personne qui ne se reconnaît pas dans les symptômes, vous venez de trouver un trépané. Vous êtes hypersensible ("Holala, oui, moi aussi, quand j’écoute de la musique des fois je suis pris à la gorge !") ? Vous avez l’impression de penser à plein de trucs en même temps, voire de vous y perdre ("Mais qu’est-ce que je suis allé chercher dans la cuisine ?") ? Vous avez parfois l’impression de vous faire chier (Vous avez vu Spring Breakers) ? C’est bon : vous êtes surdoué. Si vous n’avez pas écouté Berthier en réunion, que vous avez paumé le dossier McCall et que vos mails sont illisibles, ce n’est pas votre faute : vous êtes un Zèbre (c).

Pour ceux qui penseraient que j’exagère, j’ai le livre sous les yeux, avec une liste des symptômes pouvant aider à se dire "Holala mais je suis surdoué !", j’en cite seulement quelques-uns : Insatisfaction de vie Sentiment d’incomplétude. Moments de découragement Besoin de prouver et de se prouver.

La dernière fois que j’ai lu ça, je feuilletais un prospectus sur la scientologie.

Une fois Zèbre (c) vous pouvez donc aller sur des sites pour rencontrer d’autres Zèbres (c) (mais si), parce que le livre dit que bon, vous serez mieux ensemble, et c’est bien fait, parce qu’un non-Zèbre pourrait quand même faire remarquer que quand on se laisse coller une étiquette par un livre vendu en grande surface pour expliquer tous les problèmes de sa vie, c’est peut-être pas vraiment du génie, en fait. D’ailleurs le livre est sympa et vous précise que même si vous échouez aux tests d’intelligence divers et variés, ça ne veut pas dire que vous ne soyez pas un Zèbre (c) pour autant. Même si vous n’avez pas tous les symptômes d’ailleurs, loin de là. Bref, vous pouvez donc prétendre à la zébritude à peu de frais, et ça, c’est quand même pratique.

Alors n’hésitez plus : vous pourrez briller en société.

Si vous avez plus de 77 ans – Vous êtes vieux.

Sans rire, vous avez besoin d’une autre justification pour vous promener en pyjama dans la rue ?

Bien, cela étant dit, à vous de jouer en choisissant votre propre excuse pour expliquer au reste du monde qu’en fait, c’est pas votre faute.

Et si certains trouvent des raccourcis dans cet article, c’est pas ma faute : je suis atteint d’une grosse forme de mépris.

Alors me le reprocher serait de la discrimination.

C’est bête.

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Voir en ligne : https://odieuxconnard.wordpress.com...

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