Comment le porno féminin brise les codes de l’industrie du sexe

, par  Manon Laplace , popularité : 2%
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(c) Rocio Lunaire for XConfession

Figure de proue du porno féministe, la réalisatrice suédoise Erika Lust prend le contre-pied d’un cinéma pour adultes qui a longtemps sacrifié scénario, qualité technique et réalisme. Féministe pro-sexe , elle promeut un érotisme réaliste, artisanal et plus attentif au plaisir des femmes. Quels sont les codes du porno féministe ? Pour Cheek, Erika Lust décrit les cinq grands piliers de l’érotisme engagé.

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Désir et plaisir féminins

Contrairement au porno classique, les réalisations féministes mettent l’accent sur le plaisir des femmes, leurs besoins sexuels et leurs désirs. “La femme peut être un objet de désir, mais elle est tout aussi bien un sujet de plaisir”, revendique cette ancienne étudiante en féminisme et sciences sociales. Longtemps mises en scène pour satisfaire le regard de ces messieurs, les femmes trouvent désormais dans le porno un moyen d’explorer leur sexualité et de mettre le doigt sur ce qui leur procure du plaisir .

Egalité et consentement

Fantasme du viol, soumission et femmes objets sont légion sur les sites pornographiques classiques. Le mouvement X féministe réaffirme les fondements de tout rapport sexuel. Pour Erika Lust, “les jeux de pouvoir sont une chose, mais le consentement mutuel, l’enthousiasme et le respect doivent apparaître de manière évidente à l’écran”. Et cette notion de consentement mutuel ne va pas sans celle de l’égalité des sexes. “Le plaisir de l’homme est important dans un film explicite mais ça ne peut pas être ‘tout pour lui’”, martèle la réalisatrice. Les hommes et les femmes sont égaux dans leurs rapports et méritent la même attention lorsqu’il s’agit de plaisir.

Nous mettons en avant des corps différents de ceux qui sont considérés comme la norme dans le porno et, plus généralement, dans la société et les médias

Créativité et réalisme

La pornographie mainstream est maculée de clichés et de stéréotypes : plombiers graveleux, secrétaires coquines et livreurs de pizza gaulés qui s’engagent dans des coïts attendus. Femme cocue qui se joint avec enthousiasme aux ébats adultérins. “Le sexe dans la vraie vie peut être créatif et réaliste, au même titre que les scenarii et les trames narratives qui l’entourent”, rappelle la trentenaire. Ce souci de réalisme se traduit également dans la manière dont sont tournées les scènes : “Plus de narration, et moins d’organes génitaux.” Les zooms prolongés sur les sexes laissent ici place à des plans plus larges. Les prises ne s’attachent pas à la visibilité que l’on peut avoir sur l’action et visent à retranscrire le plaisir aussi justement que possible, quitte à ne pas montrer tout et tout le temps.

Diversité

L’industrie du porno a normé à outrance les corps mis en scène : des nanas ultra-vulgaires épilées à blanc , aux tours de poitrine surréalistes et des types sculptés comme des statues grecques. Des physiques stéréotypés dans lesquels les “vrais gens” ne se reconnaissent pas. “Nous mettons en avant des corps différents de ceux qui sont considérés comme la norme dans le porno et, plus généralement, dans la société et les médias”, assure Erika Lust.

GirlPower

En plus de l’attention portée au plaisir de la femme, le cinéma d’Erika Lust offre les rôles décisionnaires aux actrices. Ce sont elles qui décident des positions dans lesquelles elles souhaitent ou non se mettre en scène. Les femmes derrière la caméra jouent également un rôle décisif. “Elles filment de manière à retranscrire le point de vue de la femme, aussi précisément que possible”, décrit la réalisatrice. Pour raconter des histoires sur la sexualité féminine, le porno a besoin de femmes.

Manon Laplace

Cet article a été publié initialement sur Cheek Magazine.

Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2015/11/2...

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