Efterklang et les fantômes de Piramida

, par  Julia , popularité : 2%

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C’est dans le Spitzberg, une île abandonnée de l’Arctique, qu’Efterklang passe neuf jours à l’été 2011. Plus précisément, ils se rendent dans la ville fantôme de Piramida, une colonie russe désertée depuis 1998 : « Nous étions à la recherche d’un lieu pour notre nouvel album, et nous avons été présentés à cette ville fantôme« , nous resitue Rasmus Stolberg. « Nous avons vu des photos et, hypnotisés par cet endroit, nous avons ressenti le besoin de nous y rendre. Nous n’avions rien, juste l’envie d’y aller ensemble dans l’idée d’y trouver des sons intéressants pour des beats« . C’est à travers cette aventure que le réalisateur Andres Koefoed a suivi dans The Ghost of Piramida, un documentaire diffusé depuis le mois de novembre lors de festivals, de projections publiques et privées.

La ville de Piramida est incarnée par un quatrième personnage qui crée la narration. En russe, il fournit une superbe introduction : « dernièrement, j’ai vécu dans le silence ». Alexander réside d’abord à Piramida avec ses parents, puis s’y installe avec sa femme à partir de 1973. « Nous avons été chanceux de rencontrer Alexander, raconte Rasmus. Alors que nous étions en excursion, il est apparu sur un bateau. Il disait qu’il visitait son paradis perdu, une dernière fois. »

Cité construite en 1946 autour de l’extraction du charbon, Piramida devient alors une communauté soudée où, quand on ne travaille pas, la vie semble plutôt douce. En marge de l’URSS, on y fête, joue, s’y fait des amis, fonde une famille. Une serre fournit les fruits et légumes, on élève des vaches et des cochons. Sachant que la ville est située à seulement 1 200 km du Pôle Nord, cette abondance relève de l’utopie. Les images d’archives d’Alexander illustrent ses propos et entament un dialogue avec les prises de son des musiciens : les structures métalliques sur lesquelles ils trouvent des percussions se souviennent de leur ancienne fonction. Les objets, disséminés dans cette ville qu’on dirait quittée du jour au lendemain, livrent aussi quelques uns de leurs secrets. Le trio enregistre le bruit des livres, des registres médicaux, des bouteilles ou des chaussures. Rasmus : « On ressent que des gens ont vécu là. Ça m’a donné envie d’imaginer comment y était la vie. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est comment tout a été laissé en ruines. Cela m’a fait penser à des questions de politique, à pourquoi on a essayé de construire quelque chose au milieu de rien. »

Au retour de l’expédition, dans le studio berlinois du groupe, l’expérimentation et le songwriting commencent, recevant notamment l’aide de Nils Frahm et Peter Broderick. Avec un millier d’enregistrements dans la besace, Efterklang se crée une gamme nouvelle : les sons deviennent des notes, ces notes recréent des accords puis des instruments. C’est le cas pour les sons percussifs, mais le groupe recrée aussi des sons de piano avec ses enregistrements.

Et le résultat ? Ceux qui avaient découvert le groupe avec Magic Chairs seront peut-être déroutés, à moins que la sobriété de la pochette leur ait fournis des indices. Il faut prendre plus de temps pour se plonger dans « Piramida », son atmosphère éthérée. A côté de titres très foisonnants comme Caravan, qu’on retrouvait sur « Parades » en 2007, ceux de « Piramida » semblent étirés, dilués, soumis à une pesanteur différente. On sent émerger des thèmes, The Living Layer créant comme un écho au morceau d’introduction Apples. Une approche toute cinématographique.

A sa sortie, Pitchfork comparait « Piramida » à un blockbuster hollywoodien décevant, où le spectateur n’en a pas pour son argent (ou en tout cas celui des producteurs). Le visionnage du film met à jour le malentendu : l’intention semble davantage de recréer une histoire que d’inventer un nouveau son. Le goût d’Efterklang pour l’image s’était déjà illustré en 2011 avec le film An Island, réalisé par Vincent Moon. Très proche des musiciens, mouvant et expérimental, ce premier essai les avait enchantés : « nous aimons juste faire des projets ensemble, que ce soit des films, de la musique. Nous étions davantage impliqués dans le film de Vincent Moon, alors que our The Ghost Of Piramida, l’album nous a accaparés. En tout cas, c’est très chouette de faire des films, je ne sais pas pourquoi ! »

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Cet article est repris du site http://www.discordance.fr/efterklan...

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