Eric & Quentin du Petit Journal, potes et potaches

, par  Serge Kaganski , popularité : 2%
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Eric, à gauche, et Quentin (Yann Rabanier)

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Quentin – Bonjour Les Inrocks  ! (faisant référence à notre une sur Romain Duris) Pourquoi cette une sur Conchita Wurtz ?! Nous voulons la réponse !

Comment définiriez-vous votre style d’humour ?

Eric – Hum, je dirais potache…

Quentin – Potache, mais universel (rires)…

Eric – Je ne sais pas si on un style très précis. C’est dur de répondre à cette question.

Quentin – On n’est ni dans le stand-up, ni dans le sketch pur. Nos saynettes prêtent souvent plus à sourire qu’à rire. Et puis il y a du fond, je dirais même que le fond prédomine souvent sur le rire pur. Notre genre, ce serait “actu drolistique”…

Eric – Le but, c’est de mettre du fond. S’il n’y avait pas de fond, on ne serait pas au Petit Journal, parce que cette émission, c’est de l’actu, c’est lié au jour le jour, à l’actualité du matin. Donc, drôle oui, sketch oui, mais il faut du fond.

Quentin – Notre humour, nos sketches ont un côté parfois pathétique, mais assumé. C’est souvent le pathétique qui nous fait rire. Il y a ce côté Desproges pouf pouf, le côté humour raté.

Eric – Humour raté qu’on assume et qui nous fait rire.

N’est-ce pas justement cet aspect amateur, bricolé, enfantin, les postiches voyants, le jeu outré et faux, etc., qui fait votre charme, votre singularité ?

Quentin – Sans doute. Notre boulot est très home made.

Eric – On inclut des gens de l’équipe dans nos scènes, on tourne dans les couloirs et les bureaux, tout ça donne une fraîcheur. Mais en même temps, comme vous l’avez vu sur le tournage, c’est une course-poursuite permanente. On s’en doute vu de l’extérieur, on en a en effet confirmation en assistant au tournage, mais cet aspect amateur se double d’un boulot infernal puisque vous devez réagir chaque jour à l’actu, créer, faire et boucler dans les délais.

Eric – Le plus dur, c’est quand l’actu est faible. D’ailleurs, ça se voit aussi sur les chaînes infos, quand ils doivent faire cinq duplex juste parce qu’il neige… Par contre, quand l’actu est forte, c’est épuisant pour nous mais au moins, ça nous donne du matériel pour travailler.

C’est quoi, la journée-type d’Eric & Quentin ?

Eric – On arrive vers 9 heures, on regarde la presse, la télé, la presse 2.0, on commence à discuter entre nous deux de ce qu’on pourrait faire. Vers 9 h 30, on va voir Laurent Bon et la rédaction avec deux ou trois idées…

Quentin – Il faut au moins une idée forte sur la grosse actu du jour…

Eric – Mais on n’arrive jamais avec une seule idée, parce que si on dit non… 10 heures, fin de réunion, on retourne dans notre bureau, on écrit nos dialogues. On écrit côte à côte, on se renvoie la balle, on teste mutuellement nos idées. Avant 11 h 30, on a fait le texte, entre une page et une page et demie, on le file au réalisateur et à l’équipe afin qu’ils aient le temps de préparer les lieux, décors et costumes. Puis, vers 13 h 30, la course du tournage commence.

Quentin – Et en plus de tout ça, vers midi, faut trouver une idée pour déjeuner. C’est le plus dur de la journée (rires)…

Eric – Eh ouais. Les gars, on va à l’Indien ? Ah non, c’est trop loin, pas le temps…

Quentin – Le déj, c’est des grosses discussions.

Eric – Je sais que c’est pareil dans toutes les entreprises où il n’y a pas de cantine…

Quentin – Ah ouais, par exemple à Bygmalion. “Les gars, on se fait le grand buffet avec homard, caviar…” !

Eric – On termine le tournage vers 16 h 30 voire 17 h, on assiste un peu au montage qui a commencé en milieu d’aprème avec les premiers rushes. Mais on laisse faire notre réal, Benoît Lelong, qui est très important, et ses assistants, Arthur et Thibault. Ils ont une vision, ils nous ont fait beaucoup progresser. Certes, on écrit nos textes, mais eux les comprennent et les mettent en valeur.

Quentin – Oui, ils peuvent même sauver un sketch au montage, ils ont cette force-là. Ils savent dynamiser, couper les fours, parfois c’est une question de secondes en plus ou en moins.

Eric – On insiste sur Benoît Lelong parce qu’on lui doit énormément. Il y a comme ça des gens pas toujours cités mais qui le méritent.

Quentin – Oui, enfin, c’est quand même nous les vedettes ! En regardant vos sketches, on a l’impression d’une prise unique, même si elle n’est pas parfaite, au contraire… Et en fait, vous faites parfois 4, 5, voire 10 prises.

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Votre apparence dilettante est en fait très travaillée ?

Eric – Parce qu’il y a aussi la fatigue, la phrase qui fourche, dont je suis le spécialiste, le fait qu’on tourne à l’arrache avec le compte à rebours du bouclage, tout ça fait qu’il est parfois nécessaire de refaire.

Quentin – Et plus on loupe, plus ça nous énerve, plus on va ramer et faire des prises supplémentaires. Comme tout à l’heure, quand je n’arrivais plus à dire correctement le mot “licencier”.

Eric – On travaille dans la précipitation, on n’a pas le temps de se poser et parfois, Benoît Lelong peut avoir un doute sur tel ou tel plan. Tout est fait instantanément sur ce programme. Le temps est notre principale contrainte, mais aussi peut-être ce qui nous aide le plus. On n’a pas le temps de réfléchir, de gamberger, de se prendre le chou.

Quentin – C’est aussi pour cette raison que Eric et moi sommes à l’antenne. On n’a jamais eu le temps d’appeler des comédiens, et on n’aurait pas le temps de leur expliquer le texte. C’était beaucoup plus simple et pratique de jouer nous-mêmes.

Votre jeu non pro participe aussi du style “do it yourself” de vos sketches.

Eric – Oui et puis on aime bien, on se prend au jeu, on y a pris goût, on se marre bien même si on est souvent stressés à cause du chronomètre. Enfin, je suis stressé, Quentin beaucoup moins.

Quentin – Je cache mon stress, puis ça explose le soir où je me mets à boire jusqu’à pas d’heure !

Eric – S’il stresse, je déstresse, c’est ce qui est drôle, on fonctionne comme des vases communicants. J’ai été étonné quand Eric a demandé un raccord perruque avant une prise, dans la mesure où vos postiches sont de toute façon très voyants, avec une fausseté assumée ?

Eric – Oui, mais il faut quand même que ce ne soit pas trop laid. Puis là, comme c’était Mireille Mathieu, il fallait que le postiche ressemble à la coiffure de Mireille. C’est vrai que c’est un truc home made, mais ça ne doit pas être home made en chaussettes. Il y a quand même une équipe avec nous, des techniciens… Tout ça, c’est du taf, et il faut le respecter. Prend les décors : Roland fait des décors super en très peu de temps, et il y tient. Dans notre esthétique bricolée et rapide, on essaye d’être les plus pros possibles, de ne pas bâcler. Un décor, ça peut être deux ou trois accessoires, mais il faut les trouver, et rapidement, c’est un truc vraiment créatif. C’est très dur, il y a le temps compté, et nos décorateurs ne sont pas 50 000. Ils sont deux : Sophie et Roland.

L’esprit de votre chronique, c’est le “do it yourself” du punk ?

Quentin – Moui, il y a un peu de ça, le côté pas besoin d’être virtuose pour faire un truc valable. Je pense aussi aux films “suede” de Soyez sympas rembobinez de Michel Gondry.

Eric – Oui, c’est exactement ça, c’est une autre vision, une autre manière d’aborder les choses, bricolée avec les moyens du bord. Si on avait trois ou quatre jours pour préparer et peaufiner nos sketches, franchement, je ne sais pas comment ça se passerait, je ne suis pas sûr qu’on y arriverait.

Quentin – Dans ce type de boulot, les gens qui ont du temps se prennent la tête et deviennent fous. Après, leurs têtes ne passent plus les portes parce qu’ils ont le temps de réfléchir sur eux, ils se demandent s’ils ont loupé leurs répliques, etc. C’est vrai que l’humilité, la modestie, est un autre aspect plutôt sympathique de votre travail, surtout dans un milieu propice aux ego surdimensionnés.

Eric – On a bien conscience qu’on travaille avec trois bouts de ficelle, difficile de prétendre qu’on est Hollywood !

Quentin – Ce qui est peut-être punk aussi chez nous, c’est qu’on n’hésite pas à se jeter à l’eau. Quand faut y aller, on y va, sans trop se poser de questions.

Vous êtes tous les deux passés par l’école de comédie de Canal ?

Eric – On s’est rencontré au SAV d’Omar & Fred, par l’intermédiaire de Bertrand Delaire, autre personne à citer absolument. Bertrand Delaire, Bertrand Delaire ! Il se définissait comme le “&” de Omar & Fred. C’est lui qui nous a chaperonnés, appris une bonne partie du métier d’auteur. Maintenant, c’est lui qui est en charge de l’écurie d’auteurs comiques de Canal. Il est très pédagogue, on sait ce qu’on lui doit, on a énormément de respect pour lui.

Quentin – On est un vrai produit Canal. On est arrivés stagiaires, puis on a été auteurs, puis on est passés à l’antenne… On a vraiment grandi dans la maison Canal. Mais sans le faire exprès au départ.

Eric – Quand j’ai débarqué, je ne savais même pas ce qu’était le métier d’auteur. Puis quand on est arrivés au Petit Journal, c’était pour écrire les textes de Yann Barthès, pas plus.

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Quentin

Quels étaient vos buts respectifs en arrivant à Canal ?

Quentin – Au départ, je voulais faire de la presse écrite. Puis j’ai fait des stages télé et j’ai découvert qu’existait ce métier d’auteur comique, du coup j’ai bifurqué là-dessus. Mais ma vocation, c’était être journaliste aux Inrocks ! J’ai tout raté, quelle déception ! Tu voudrais pas faire un échange avec moi (rires)… Puis j’ai atterri au SAV, j’ai commencé par écrire une ou deux vannes, puis ils m’ont embauché.

Eric – Moi, je m’ennuyais un peu dans mes études de lettres, je m’étais amusé à écrire une lettre de motivation déconnante que j’ai envoyé un peu partout et Arielle Saracco à Canal m’a répondu. Elle m’a demandé ce que j’aimerais faire, j’ai dit que j’aimais bien écrire mais je ne connaissais pas le métier d’auteur. Elle m’a proposé d’essayer d’écrire des trucs pour le SAV. J’ai commencé chez moi, puis Bertrand Delaire m’a pris en stage, m’a formé au métier d’auteur et m’a engagé. On étaient cinq à écrire pour le SAV : Bertrand, Omar, Fred, Quentin et moi. C’était un gros taf, le pire étant quand on faisait à la fois le SAV et Le Petit Journal. Pour le SAV, on envoyait minimum 80 vannes par semaine, Bertrand choisissait : ça oui, ça non…

Comment ça se passe avec Catherine & Liliane, Alex Lutz et Bruno Sanchez, l’autre duo comique du Petit Journal ?

Eric – On ne les voit qu’une fois par semaine parce qu’ils enregistrent toute leur semaine en une journée.

Quentin – On a une chance, c’est qu’on n’appartient pas vraiment au milieu des humoristes. Perso, je trouve ça plaisant parce qu’on n’entre pas dans les petits trucs compétitifs du style “t’as vu, l’autre, il a fait ci ou ça”… On fait notre truc de notre côté. De toute façon, celui qui me fait le plus rire, c’est Eric.

Eric – Ah non, pas d’accord ! C’est Quentin. On regarde évidemment plein de trucs autour de nous mais on n’est pas des prophètes ni des juges de l’humour. On est ancré sur l’actu, ce qui peut être parfois frustrant aussi parce qu’on aimerait faire des sketches purement drôles, purement gratuits.

Quentin – Mais cet accrochage à l’actu est bien aussi parce qu’il nous permet de nous renouveler quotidiennement. Vos grandes influences en comédie ?

Quentin – Moi je cite toujours Peter Sellers. J’aime bien l’humour en costard un peu chic, l’humour anglais, absurde. J’aime bien aussi les dessins animés genre Bip bip et le coyote.

Eric – Moi, c’est Leslie Nielsen. C’est un modèle ! Quentin – Et n’oublions pas Hervé Mariton ! Une très bonne source humoristique. On suppose que vous ne vous nourrissez pas que de comédie. Qu’écoutez-vous, que lisez-vous par exemple ?

Quentin – Je suis très pétasse R & B. Là, j’écoute pas mal le dernier album de Teofilius London, produit par Kanye West. D’ailleurs, je vous signale qu’il a été mis en ligne par Les Inrocks. A part ça, j’aime bien aussi les Clash. Et en livres, je suis plutôt polar, Connelly, Ellroy, ce genre. Eric est plus littérature classique.

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Eric

Oui, il paraît que vous vouliez faire une thèse comparative sur Sorel et Solal, héros de Stendhal et d’Albert Cohen ?

Eric – Vous avez l’air de me charrier mais c’est super intéressant et sérieux comme sujet. Et je le ferais un jour, j’irais au bout.

Quentin – Je sais pas si on peut le dire mais Eric a écrit un bouquin, en passe d’être publié. Chez Gallimard.

Dans la blanche ?

Eric (tout rouge) – Non, L’Arpenteur. Je suis très content, ça devrait sortir en janvier. Voilà, c’est le moment de l’interview où je suis gêné ! La littérature, ce n’est pas un hobby, c’est une passion, comme Quentin est DJ.

Et le cinéma, il vous a déjà appelés ?

Eric – Ah aaah !

Quentin – Votre question tombe bien, on vient de tourner dans un long, La Véritable Histoire de Robin des bois, réalisé par Antony Marciano. Eric – C’est avec Patrick Timsit, Géraldine Nakache, Gérard Darmon… Ils nous ont pris en duo. On joue Gaston et Firmin, adjoints du shérif !

Quentin – On était assez fiers de tourner avec Gérard Darmon, c’est quelqu’un qui nous fait rire.

Eric – C’est tellement différent de ce qu’on fait. Le point commun est l’attente entre les prises. Mais au lieu de cinq personnes autour de nous, il y en a cinquante, c’est plus intimidant.

Quentin – Il y a une personne qui place les marques au sol, une personne qui fait les raccords coiffure…

Eric – Il y aurait un sketch à faire sur la machinerie du cinéma.

Avez-vous des personnages de vos sketches favoris ? Je pense aux gendarmes, où vous sembliez influencés par la série des films de Louis De Funès…

Eric – Ce sont des personnages attachants mais qu’on n’a pas ressortis cette année parce qu’on veut essayer de ne pas se répéter. Mine de rien, c’est notre quatrième année, attention à éviter le train-train, la facilité.

Quentin – On les refera uniquement si une actu s’impose. Quel est votre rapport à la politique ? Vous travaillez dans une émission de décryptage politique, plutôt positionné à gauche…

Eric – Tutututuuuut ! On réagit à l’actu mais les gens de gauche disent qu’on est de droite et vice versa, c’est hallucinant ! Je parle de nous et du Petit Journal. On se fait insulter, traiter de gauchistes, ou de droitistes… Dès qu’on va critiquer blanc, on va croire qu’on est noir et l’inverse. Pour les gens, c’est dingue, on ne peut pas être dans le non-dit, qui n’est pas la neutralité. On fait de l’actu, on ne décide pas à l’avance de se faire la gauche ou la droite, ça ne marche pas comme ça. On se moque de ce qui nous fait rire, c’est aussi simple que ça.

Vous n’êtes pas positionnés au sens militant, mais une émission de décryptage des mensonges communicationnels n’est-elle pas plutôt de gauche que de droite ?

Eric – C’est votre opinion, Serge ! Non, il peut y avoir des prises de positions, comme dans le cas du mariage pour tous, mais c’est plus un positionnement sociétal que politique.

Quentin – Les excès de la politique nous font rigoler. Bygmalion, c’est pas possible ! C’est comme une grosse vanne, qu’on soit de gauche ou de droite. Ceux qui sont contre le mariage pour tous, ça nous fait rire tellement c’est archaïque.

Eric – On se moque de la Manif pour tous, mais sans méchanceté. On est allé à ces manifs en faisant des blagues, on a été insultés une fois, mais la majorité des gens rigolent de nos blagues. Je crois qu’on est plus dans l’ironie que dans l’agressivité.

Quentin – C’est aussi drôle de pointer des trucs sur Hollande que sur Sarkozy. Les deux sont drôles, mais différemment.

Eric – Avec la politique et la communication politique, il se passe toujours quelque chose qui peut nous nourrir. Dès la rentrée, lors du deuxième ou troisième Petit Journal, il y a eu le remaniement gouvernemental. On est à peine rentrés de vacances et il y a déjà plein de trucs ! On a presque envie de leur dire “hé, doucement les gars !”. Pourtant, un truc sûr, c’est que le milieu politique n’est pas adapté aux nouvelles technologies, aux effets du web, ils n’ont pas encore pris conscience de tout ça. Dans notre époque en crise, le rire nous sauve ? Ou la dérision omniprésente est-elle aussi lassante ?

Quentin – C’est vrai qu’aujourd’hui, tout le monde y va de sa petite vanne. Les réseaux sociaux ont amplifié ça. Du coup, c’est plus difficile d’être drôle dans la mesure où dès le matin, sur twitter, tout le monde vanne sur l’actu du jour. Il faut donc trouver autre chose. C’est bien, ça stimule, mais ça rend le rire original plus compliqué. Question tradi : peut-on rire de tout ? Avez-vous des limites ?

Eric – C’est toujours pareil, a priori on peut rire de tout mais ça dépend avec qui, dans quelles circonstances.

Quentin – Par exemple Dieudonné, c’est devenu rien d’autre qu’un sujet pour s’engueuler à Noël.

Eric – Notre prisme est peut-être égoïste, autocentré, mais c’est : est-ce que ça nous fait rire ? Je crois qu’on ne pourrait pas faire un sketch sur quelqu’un qui est mort de l’ebola. Les Guignols le font, rigolent avec la mort ou les guerres, peut-être grâce au biais des marionnettes qui déshumanisent, mettent de la distance.

Ressentez-vous parfois la fatigue de devoir être drôle, la pression de toujours être dans l’obligation de trouver des vannes, des situations ironiques ?

Eric – On ressentait davantage cette pression au SAV ou à nos débuts au Petit Journal. Maintenant, on a peut-être plus confiance en nous, on est plus relax. Et puis c’est vrai que quelqu’un qui veut être tout le temps drôle, c’est insupportable. On a été ce genre de personnage qui veut tout le temps faire rire, par timidité, pour se cacher, pour attirer l’attention. Mais si on sort tout le temps des vannes, on n’arrive plus à discuter, ça tue tout échange. Il y a un équilibre à trouver.

Quentin – Si on vanne tout le temps, on n’arrive plus à nouer une relation avec une fille, à trouver quelqu’un qui nous aime (rires)…

L’avenir, vous le voyez comment ? Continuer un bon moment au “Petit Journal” ? Suivre votre chemin solo, comme Omar & Fred ?

Eric – La littérature est un truc à part pour moi, c’est une passion, pas un métier. On s’est rencontrés par le métier mais on est devenus vraiment potes. On ne sait pas si notre duo durera longtemps mais on est sûrs qu’on restera potes quoi qu’il arrive. Chacun a ses domaines personnels, ses passions, mais je sais qu’on se retrouvera toujours, sur Le Petit Journal ou sur d’autres choses. Omar et Fred sont toujours potes aussi.

Quentin – Pour le moment, on n’en est pas du tout à penser à l’après. On s’amuse bien ici.

Eric – On écrit des trucs à droite à gauche pour le cinéma, sans savoir si ça va aboutir. On pense un peu à la scène aussi. Mais Le Petit Journal nous prend quand même presque tout notre temps et on ne peut pas le faire à moitié. Cela dit, oui, on espère grandir ensemble. Mais aussi bien, peut-être que je serai un jour prof, et lui DJ, on n’en sait rien. La célébrité, c’est juste être reconnu par les autres, ce n’est pas une fin en soi.

Quentin – J’aimerais bien avoir une galerie, exposer à la Fiac…

Eric – Il est sérieux, c’est un vrai passionné d’art. Moi je connais la littérature mais je ne comprends rien à l’art ou à la musique. On est au départ très différents mais on s’est enrichis mutuellement.

Quentin – On se nourrit l’un de l’autre. Je bois sa sève chaque jour !

Eric – C’est une belle aventure, Serge ! (rires)

C’est mieux d’être deux ?

Quentin – Oui, absolument.

Eric – Par exemple, le matin, si on n’a pas d’idées, on arrive en réunion à deux, on est plus forts. Il nous est arrivé d’avoir des fous rires en réu parce qu’on avait essuyé un bide pas possible. L’échec à deux est plus drôle que seul. Et à deux, on progresse plus vite.

Quentin – Notre prochain objectif, le 20 h !

Eric – Oui, on voudrait remplacer Claire Chazal.

Eric et Quentin, que pensez-vous des Inrocks ?

Eric – Waow, oh ben tu penses, c’est un journal tellement génial que j’ai trois abonnements ! Tiens, je vais remplir le formulaire pour le quatrième…

Quentin – Moi, je ne comprend toujours pas cette couve Conchita Wurtz…

Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2014/12/0...

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