Exposition “Pasolini Roma” : cartographie d’un cinéaste

, par  Théo Ribeton , popularité : 2%

"Salò ou les 120 Journées de Sodome"

C’est à Rome que Pier Paolo Pasolini a été tué en 1975. C’est depuis Rome également que “l’homme par qui le scandale arrive” a déployé durant 25 ans tout le rayonnement de son cinéma, devenant entre 1950 et 1975 une figure majeure du milieu intellectuel de la ville. Elle est devenu son foyer, son espace d’observation, mais aussi son lieu de combat, son ring, le terrain de toutes les persécutions dont il a été l’objet et dont on connaît l’achèvement tragique. C’est donc par la lunette romaine que la Cinémathèque aborde l’œuvre de Pasolini : une œuvre cruciale, à la fois politique, sacrée et sexuelle, toujours retentissante, qui fait de cet ample hommage un événement incontournable.

Le trajet conçu par la Cinémathèque se propose donc de parcourir chronologiquement l’itinéraire romain de Pasolini, à partir de son arrivée en 1950, et à travers les sites pasoliniens emblématiques : ceux de sa vie, ceux de ses films. On y retrouve des tableaux (il fut également peintre) faits par lui ou par des artistes qu’il admirait, des objets, des écrits, dans toute la diversité de supports et de matières qui fait la beauté des expositions de la Cinémathèque : diffracter l’œuvre du cinéaste sur la mixité d’arts auxquels il s’est adonné, ainsi que sur de multiples documents autobiographiques, à commencer par la quantité invraisemblable de procès qui ont plu sur lui tout au long de sa vie (principalement pour des questions d’atteintes à la morale).

L’intégralité des films de Pasolini sont repris dans un cycle spécial : ceux qu’il a réalisés, de la période réaliste-lyrique d’Accatone, à celle du mythe d’Œdipe Roi à Médée, jusqu’à sa Trilogie (Le Décaméron, Les Contes de Canterbury, Les Mille et une nuits) et son ultime film, le magnifique et insoutenable Salò, dont il ne vécut pas la sortie, assassiné quelques jours plus tôt ; mais aussi ceux qu’il a scénarisés pour ses pairs, de Bertolucci (La Commare secca) à Fellini (Les Nuits de Cabiria). S’y ajoute un programme de films sur le cinéaste, comme celui que Jean-André Fieschi (frère de Jacques Fieschi) lui consacre en 1966 pour l’émission Cinéastes de notre temps (Pasolini l’enragé).

Enfin, pour les esprits encore perplexes, ou pour ceux qui n’auront pas le loisir de visiter physiquement l’exposition, le site créé spécialement par la Cinémathèque propose une visite interactive de Rome extrêmement riche autour des lieux pasoliniens emblématiques, ponctuée de photos, de vidéos, et de nombreux textes.

Théo Ribeton

Pasolini Roma, exposition du 16 octobre 2013 au 26 janvier 2014. Rétrospective intégrale du 16 octobre au 2 décembre. Informations disponibles sur le site de la Cinémathèque française.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/10/1...

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