FTTH rural : Pourquoi pas les poteaux ?

, par  Arnaud Luquin , popularité : 2%

« C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ? »

C’est vraiment ce que je ressens quand je parle de déploiement aérien avec mes confrères. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi on cherche coûte que coûte (le terme est bien choisi je trouve) à vouloir absolument enterrer ces maudits câbles.

Je comprends bien que c’est plus fiable à long terme, que la probabilité (pourtant non nulle) qu’un coup de pelleteuse embarque un fourreau est plus faible qu’un poteau d’être renversé ou qu’un câble traversant une rue d’être arraché.

Ceci étant, à l’heure ou l’on nous explique qu’avec la hausse de la TVA (la fameuse taxe Barouin / Sarkozy) les opérateurs auront moins d’argent à mettre dans leurs déploiement, il me semble que déployer des réseaux aériens est quand même bien plus rentable.Donc soit le lobbying des bétonneurs est le plus fort, ce que l’on ne peut pas exclure, soit on cherche à faire de l’argent non pas sur son métier de FAI, mais sur son métier de BTP.

Bref, il se trouve quand même qu’à force de recherches et de lectures, j’en suis arrivé à trouver quelques écrits où les auteurs relataient tout de même quelques réalités économiques :

  • Coût de réalisation d’une tranchée : environ 100 € HT. du mètre soit 10 000 € H.T. pour 100m
  • Coût d’un poteau en bois : environ 60 € H.T. (compter 1 poteau tous les 35 m) soit 240 € + la pose, on emporte le tout à moins de 1000 € HT pour 100m.

Il me semble quand même que cela mérite réflexion non ?

Pourquoi un tel attachement aux poteaux ?

Parce que c’est étrangement simple. Au début de mes recherches, j’avais tout de même quelques problèmes techniques à régler. Ceci étant, une fois ceux-ci résolus, on se rend compte que déployer un abonné n’est pas plus compliqué que de tirer un câble de cuivre. Et c’est bien là qu’est toute l’astuce. Plus l’ingénierie en amont est réfléchie, plus on va réduire de facto les coûts de déploiement.

Par ailleurs, ce type de déploiement devient accessible à une commune modeste, de fait capable de se passer d’opérateur pour cela et donc de maîtriser la destination de l’argent public. À l’heure où notre gouvernement semble persuadé que sans opérateur national pour déployer de la fibre point de salut, je comprends bien que cela ne puisse pas devenir trop populaire.

Les problèmes techniques à résoudre

il y en a quelques uns, et pas des moindres. Ils ne sont cependant pas insurmontables. Voici quelques pistes.

Le premier ennemi du câble : le technicien

La seule vraie justification valide à mes yeux allant dans le sens de l’enfouissement des câbles de fibre optique demeure la limitation extrême de la manipulation du câble. En effet, moins il bouge, mieux on se porte.

Cependant, chaque raccordement d’un abonné implique obligatoirement une manipulation du câble, ne serait ce que pour sortir le manchon de sa chambre de tirage, ouvrir le manchon, poser le câble abonné, dégainer le câble, souder la ou les fibres, refermer le manchon, lover les câbles, refermer la chambre et prier que l’on ait rien cassé au passage.

Il faut donc trouver une méthode afin de limiter ces mouvements le plus possible.

Et pourquoi pas connectoriser ?

Ne criez pas, je sais pertinemment que l’on injecte de l’atténuation en faisant cela. Ceci étant, lorsque l’on étudie un peu la chose et que l’on se rappelle que l’on est dans un contexte rural, on comprend que les distances entre le switch de concentration ET le CPE de l’abonné se réduisent drastiquement (en général en dessous du kilomètre).

De fait, on peut se permettre un peu d’atténuation, du moins plus que sur une ligne de 10 ou 20 km.

Par ailleurs, si connectorisation il y a, nul besoin de descendre la boite pour souder une fibre, il suffit de l’ouvrir et de la refermer. On est donc dans un contexte avec moins de mouvement, moins de manipulation, moins de source d’erreur difficilement réparable et on résous par là même une partie du problème.

Positionnement de la boite :

Le choix est large, soit on pose la boite dans une chambre (type L2T) en bas du poteau (et on fait remonter tous les câbles abonné sur le poteau pour la distribution aérienne) soit on la pose en hauteur, du moins pas accessible par le quidam moyen avec une échelle.

La première solution permet un déploiement soit connectorisé, soit soudé.

La seconde permet uniquement de la connectorisation (à moins que vous n’ayez une solution pour souder dans la nacelle, moi j’ai cherché, j’ai de sérieux doutes sur la faisabilité).

Il faut donc bien accrocher le câble en haut du poteau.

Et la desserte abonné ?

Facile, le câble part de la boite, remonte sur le poteau, est fixé par une « pince à ancrage » sur la réglette du poteau d’un coté, et sur la maison de l’autre. Le tour est joué, la desserte assurée.

Et la surlongueur de sécurité ?

À ne pas oublier, à mon sens, passé une certaine longueur de câble, il faut disposer de surlongueur. Positionner une chambre en pied de poteau est une bonne idée (tous les 150m ?). En cas de problème on peut redéployer rapidement un nouveau câble.

L’implantation dans le paysage urbain

C’est le principal problème. En effet, à l’heure où l’on enterre à tout va, c’est tout de même étonnant de procéder ainsi. Cependant, dans un milieu où :

  • les réseaux ne sont pas encore enterrés,
  • il n’y a pas de politique d’enfouissement,
  • la majorité des déploiements sont apposés aux façades des habitations,
  • les habitants sont plus favorables à leur désenclavement numérique

il me semble alors que ce type de déploiement a de beaux jours devant lui. Il est à noter que le coût de déploiement est extraordinairement moins élevé ainsi.

Cet article est repris du site http://arnaud.luquin.info/?p=81

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