Gibraltar : Londres arroseur à rocher

, par  Quatremer , popularité : 2%


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À Bruxelles, on en rit encore. L’eurosceptique premier
ministre David Cameron appelant à l’aide la Commission, à la mi-août, afin de l’épauler
dans son conflit avec Madrid, voilà qui ne manque pas de sel. Avec doigté,
Bruxelles a dû lui expliquer que l’Espagne était dans son bon droit en
contrôlant les citoyens et les marchandises qui franchissent sa frontière avec Gibraltar.
Et ce, par la faute de la Grande-Bretagne qui, avant d’adhérer en 1973, a exigé
un statut sur mesure pour son rocher espagnol, statut qui se retourne
finalement contre lui…




Si Gibraltar est membre de l’Union en tant que territoire
dépendant du Royaume-Uni (ses habitants participent d’ailleurs aux élections
européennes), en revanche une série de politiques communautaires ne lui est pas
applicable : union douanière, politique agricole commune, politique de la
pêche, politique commerciale commune, régime commun de TVA et droits d’accises.
En outre, Gibraltar, comme Londres, n’est pas membre de l’espace Schengen de
libre circulation. « Non seulement l’Espagne peut contrôler les personnes
et les marchandises à la frontière de Gibraltar, mais c’est son devoir »
, souligne-t-on
à la Commission.

Cela étant, le rétablissement de contrôles tatillons à la
frontière depuis la fin du mois de juillet va quand même être examiné par une
mission de la Commission : si en matière de marchandises il n’y a rien à
faire, ce n’est pas le cas pour les personnes. En effet, Gibraltar, bien que non-membre
de l’espace Schengen, est malgré tout dans l’Union et bénéficie donc d’un
certain droit à la libre circulation : les citoyens européens peuvent
certes être contrôlés, mais pas de façon systématique et approfondie comme
c’est le cas en ce moment. De même, si Madrid décidait d’imposer un péage pour
franchir sa frontière, comme la presse lui en prête l’intention, ce serait une
claire violation des traités.

Seule consolation pour Londres : la question des blocs
de béton déversés par Gibraltar dans l’océan, à l’origine du regain de tension
actuel, ne peut pas être attaquée sous l’angle du droit de la pêche européen. « On
ne peut s’en saisir que sous l’angle du droit de l’environnement qui, lui, est
applicable à Gibraltar »
, souligne-t-on à Bruxelles. « La
Grande-Bretagne s’aperçoit que l’on ne peut avoir le beurre, l’argent du beurre
et le sourire de la crémière »
, ironise un diplomate pas mécontent des
mésaventures d’Albion.

 

Photo : Reuters

N.B. : article paru ce matin dans Libération. Le titre n’est pas de moi ;-)

Cet article est repris du site http://bruxelles.blogs.liberation.f...

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