IAM (2013)

En 2009, lorsqu’Akhenaton, figure de proue du groupe de rap marseillais IAM, repasse par hasard devant le 112 Greene Street, à New York, il s’arrête net. Là où se tenait jadis le studio Greene Street Recordings, une des places fortes du rap des années 1990, les gigantesques boutiques Louis Vuitton, De Fursac ou Mont Blanc ont grignoté ce coin de soHo populaire où, en 1993, les Marseillais débarquaient pour finaliser l’enregistrement d’Ombre Est Lumière, un second album qui allait les faire passer de l’underground à la lumière :

“A l’époque, il y avait ici de la vie, des Deli à tous les coins de rue”, se souvient le rappeur, dont les souvenirs s’allument brusquement. “Je me souvient de ce restaurant bio, Whole Foods, ou j’allais diner avec Imhotep. Kheops, notre DJ, l’avait rebaptisé Asshole Foods [Bouffe pour trous du cul, NDLR] pour se moquer de notre côté écolo. Remarque, lui, à l’époque, il gardait son fric pour s’acheter des vinyles et ne bouffait que des marshmallows. Mais quand j’y suis repassé, il ne restait plus rien, à part le magasin de la créatrice Anna Sui, le seul à avoir survécu. Ça m’a fait drôle… J’en avais les larmes aux yeux”.

Et pour cause : lorsqu’IAM débarque ici au seuil de l’été 1993, le groupe vit une époque bénie. Aujourd’hui encore, ce coin de soHo demeure pour les Marseillais le symbole de cette ère insouciante où tout était permis.

Fin 1992, IAM est en vrac

Ce n’était pourtant pas gagné. Fin 1992, IAM est en vrac : les royalties issues de la vente d’un premier album, De la planète mars, et les cachets de la tournée qui s’achève ne permettent pas d’envisager sereinement le futur. “On vivotait à 6 sur les royalties de notre premier album,” précise Akhenaton. “On a beau en avoir vendu 70000 à l’époque, ça ne suffisait pas. C’était une époque très difficile“.

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