Chris Esquerre - Crédit photo ABRAMOWITZ

Après une apparition furtive au Grand Journal, on a pu vous voir réaliser une chronique à La Nouvelle Edition. Vous êtes devenu le joker de luxe de Canal, en fait ?

Chris Esquerre – Oui j’interviens assez rarement, dans des cas de rubéole, tuberculose ou peste.

Beaucoup de personnes se demandent pourquoi vous avez arrêté Le Grand Journal. Avez-vous une explication rationnelle à avancer ? (Lecture de Bourdieu ? Future expatriation au Qatar ?)

Je ne souhaitais plus faire de chroniques à la télévision de façon régulière. La chronique humoristique télévisée telle qu’on la connaît est un exercice sans avenir, et je souhaite passer à autre chose. Et puis il est bon de faire des pauses quand on fait un métier où il faut créer des choses. Mick Jagger se repose aussi entre deux albums !

Dans votre chronique à Cannes le 22 mai dernier, vous avez parodié le Grand Journal en lançant une fausse émission “coté goûter” où vous vous moquiez gentiment de la multiplication des chroniqueurs télévisés. Etait-ce une critique du talk-show ou plus largement de la télévision ?

C’était avant tout un sketch et, en filigrane, oui, une critique des émission de flux telles qu’elles sont aujourd’hui : un empilement de séquences qui n’ont rien à voir ! Un empilement créé par peur que le téléspectateur s’ennuie et zappe. Avec en toile de fond cette manie de la prescription : “On va vous expliquer ce qui est cool aujourd’hui, on va vous expliquer ce qu’il faut aller voir, on va vous dire comment mieux vivre etc.”

Est-ce que vous pensez que le format de la chronique est amené à disparaître ?

La chronique humoristique, oui. Les autres, pas forcément.

J’ai lu que vous avez proposé à la production de devenir le joker d’Antoine de Caunes. Quelle idée avez-vous en tête ?

Le remplacer pendant un quart d’heure entre deux pubs, ou certains jours, de temps en temps. J’aime beaucoup l’idée d’endosser un costume dans lequel personne ne m’a encore vu.

Est-ce que vous trouvez qu’il y a trop d’humour à la télévision ?

Oui. Bientôt quelqu’un va proposer qu’on fasse un sketch au milieu du JT de 20 heures, pour donner plus de dynamisme à l’ensemble. J’en ai marre de ce saupoudrage du rire un peu partout. On arrive au bout de cette logique.

On parle beaucoup de subversion et d’autodérision, quand on parle de votre humour. Ca vous semble être une bonne définition ?

Oui. Et j’ajouterai bienveillant. On peut être transgressif sans insulter personne ! L’insulte, l’outrance devient la norme aujourd’hui, ce qui la rend de facto extrêmement conventionnelle.

Contrairement à d’autres humoristes, François Damiens, comme vous, joue sur une forme de ridicule extrême. C’est quelqu’un qui vous fait rire ?

Beaucoup. Pour cette raison précise : il ne se donne pas le beau rôle. Et il a aussi une nature comique assez extraordinaire.

Au fait avant de partir, je suis obligé de vous demander : tout le monde se demande pourquoi vous ne suivez que des magasins de bricolage sur Twitter. Vous refaites la déco de votre appart ou vous sortez avec Valérie Damidot ?

Je préfère faire une recherche d’un compte et lire tous les tweets d’une seule personne, séparément. Je n’ai pas envie de lire en alternance sur ma timeline un tweet de Vincent Glad et un tweet de Barack Obama. Il y a quelque chose qui cloche. Ca ne m’empêche pas de suivre pleins de gens, de répondre, de retweeter etc…

Propos recueillis par David Doucet

Chris Esquerre est à l’affiche du Grand Point Virgule, tous les vendredis et samedis à 21 h 30, le dimanche à 18 h. 

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/09/2...