Jack White, ambassadeur du Record Store Day

, par  Ondine Benetier , popularité : 2%

Comme chaque année, et pour la troisième année consécutive en France, le Disquaire Day (Record Store Day aux Etats-Unis et en Angleterre), célèbrera les disquaires le 20 avril à travers des sorties exclusives de vinyles, titres inédits et raretés d’artistes à travers le monde.

Pour cette nouvelle édition, c’est Jack White, lui-même patron du label Third Man Records et propriétaire de la boutique de disques du même nom à Nashville, qui a été choisi comme parrain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ex-White Stripes prend son rôle très au sérieux puisqu’on peut lire sur le site américain du Record Store Day (et ci-dessous en français) un long texte un poil réac, un poil biblique, écrit par le musicien lui-même incitant les gens à revenir chez les disquaires.

Il y a plusieurs années, quelqu’un m’a dit qu’on avait fait passer un test à des lycéens. Une des questions qu’on leur posait était : “êtes-vous déjà allé chez un disquaire ?”. Aucun gamin n’a répondu “oui”.

Zéro ? Comment est-ce possible ? Quand je suis revenu à la réalité, je me suis dit : « est-ce qu’on peut vraiment leur en vouloir ? Comment les disquaires peuvent-ils concurrencer Netflix, TiVo, les jeux vidéo qui prennent des mois à finir, les textos, Internet etc. ? » Se lever de sa chaise pour vivre quelque chose dans le monde réel est devenu quelque chose de très rare, et pour pas mal de gens même, quelque chose d’inutile. Pourquoi aller dans une librairie pour acheter un vrai livre quand on peut simplement le télécharger ? Pourquoi discuter avec d’autres gens, parler d’auteurs, de styles d’écriture et d’influences quand il suffit d’un clic de souris ?

Eh bien, voilà ce qu’ils apprendront un jour s’ils ont une âme : il n’a aucun romantisme dans un clic. Il n’y a aucune beauté dans le fait le rester assis pendant des heures à jouer aux jeux vidéo (si vous êtes fier de ça, arrêtez de lire tout de suite et allez donner votre avis sur le forum le plus proche). L’écran d’un iPhone est convenable, mais ne peut en aucun cas être comparé à une pellicule projetant un film dans un sublime cinéma. Internet a deux dimensions… être utile et divertir, mais ne peut pas remplacer le contact humain. Mais on sait tous ça pas vrai ? Hum, on le sait non ? Peut-être qu’on le sait tous, et alors ?

Réveillons-nous les uns les autres.

Le monde n’a pas arrêté de tourner. Ici-bas, des gens continuent de se parler face à face, d’échanger des idées et de se séduire. Des cinémas d’arts et d’essai projettent toujours des films, les gens boivent des cafés et se racontent d’énormes mensonges, les hommes et les femmes continuent de se troubler les uns les autres et les disquaires vendent toujours des disques plein d’âme comme vous n’en avez encore jamais vus. Pourquoi choisissons-nous donc de rester cachés dans nos caves ? Nous savons faire mieux que ça. Ou au moins, nous devrions.

Il faut que nous nous rééduquions à l’interaction humaine et à voir la différence entre télécharger une chanson sur un ordinateur et parler à quelqu’un en personne et se laisser séduire par de la musique qu’on peut tenir dans ses mains et partager avec d’autres. La taille, la forme, l’odeur, la texture et le son d’un vinyle – comment expliquer ça à un adolescent qui ne sait pas que c’est une expérience musicale bien plus belle qu’un simple clic ? Il faut vous bouger le cul, l’attraper par le bras et l’emmener là-bas. Mettez-lui un vinyle dans les mains et vous lui ferez lâcher sa seringue par terre. Et puis il saura.

Réveillons-nous les uns les autres.

En tant qu’ambassadeur du Record Store Day 2013, je suis fier d’aider tous ceux qui écouteront d’une quelconque façon à faire revivre l’idée qu’il y a une certaine beauté et un certain romantisme à aller chez un disquaire et se laisser séduire par quelque chose de nouveau qui changera leur façon de voir le monde, les autres, l’art et en fin de compte, eux-mêmes.

Réveillons-nous les uns les autres.

Un peu plus détendu, Jack White a aussi pour l’occasion, tourné une vidéo plutôt drôle dans un centre de pressage de vinyles de Nashville où l’Américain se lance dans une grande explication de l’industrie de la musique, théorie du complot génialement absurde à l’appui. La vidéo est à voir par ici.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/02/2...

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