Brigitte Lahaie dans "Cette malicieuse Martine" (1979)

Sa fausse innocence et sa vraie fantaisie suffiraient-elles à qualifier “d’or” l’âge du cinéma X de la fin des années 70 ? C’est l’hypothèse que font Sébastien Bardos et Jérémie About dans leur joyeuse enquête, L’Enfance du hard, étayée par des images de films décomplexés et léchés, mais aussi par de nombreux témoignages des acteurs clés de cette aventure particulière, de la star Brigitte Lahaie à Jean-François Davy, le réalisateur d’Exhibition… Entre la levée de la censure en 1975 et la loi durcie en 1983, les exégètes du cinéma X se souviennent de sept années de réinvention d’un genre ghettoïsé dont l’histoire déjà chargée bascula alors dans un joyeux bordel. Porté par une nouvelle génération de réalisateurs et d’acteurs qui, avouent-ils, ne pensaient qu’au sexe, ce cinéma X hexagonal se déploie dans une forme d’industrie familiale et artisanale.

Tous se rappellent, trémolos dans la voix, des gros lolos de Brigitte et des poils touffus de Diane Dubois filmés avec générosité, des ambiances chaleureuses des tournages sur les plateaux qui ressemblaient à leurs vraies vies : la chair libérée se partageait à l’envi, à ciel ouvert, entre amis. Les salles parisiennes, à l’image du Beverley (la seule qui ait résisté à la disparition de ces cinémas olé olé), sont alors envahies par des érotomanes enjoués. Avant l’invasion de la vidéo et la reconfiguration de l’industrie du X à grande échelle, cette “enfance du hard” aura duré le temps d’une insouciante aspiration aux images de sexe sans effet de manche : l’enfance de l’art d’un cinéma X moins mauvais genre que bon enfant.

L’Enfance du hard documentaire de Sébastien Bardos et Jérémie About. Samedi 5 janvier, 23 h 15, Canal+

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/01/0...