L’arrivée de Netflix en France se précise enfin

, par  Olivier Joyard , popularité : 2%

"Orange is the new black" (Netflix)

Au début des années 2000, les amis américains recevaient avec des étoiles dans les yeux les enveloppes d’un service de location de DVD par correspondance, au catalogue débordant de séries et de films. En France, seuls les spécialistes connaissaient Netflix, né en 1997 à Los Gatos, Silicon Valley. Aujourd’hui, les fameuses enveloppes sont en voie de disparition – les abonnés regardent le contenu directement sur internet – mais Netflix n’a plus rien d’un mirage lointain. Florissante, l’entreprise s’est implantée dans le monde entier pour atteindre près de 44 millions d’abonnés (dont 33 millions aux USA). En France, elle fait partie du vocabulaire courant des amateurs de séries.

Les plus pressés contournent les blocages par pays via une manipulation technique simple (masquage de l’adresse IP de leur ordinateur) et s’offrent un abonnement à 7,99 dollars pour se vautrer dans un océan de dizaines de milliers de références. Binge watching, quand tu nous tiens.

La France moins accueillante que l’Angleterre ou les Pays-Bas

Les autres pourraient ne plus avoir à attendre longtemps. Alors que la rumeur bruissait depuis plusieurs années, l’arrivée de Netflix en France se précise pour l’automne. En décembre 2013, plusieurs représentants de la firme ont rencontré le conseiller de François Hollande en matière de médias, David Kessler, ainsi que Pascal Rogard, président de la SACD. Un peu plus tard, le grand boss Reed Hastings claquait la bise à Fleur Pellerin, ministre de l’Economie numérique, en marge d’un salon à Las Vegas. Le but ? Tâter le terrain dans un pays attaché à son exception culturelle, donc moins accueillant que l’Angleterre ou les Pays-Bas aux yeux du géant américain.

La chronologie des médias française (un délai de trois ans est imposé entre la sortie d’un film et son exploitation en SVOD) est un premier obstacle, à relativiser toutefois : la loi devrait changer ce printemps, et cette chronologie ne s’applique pas aux séries télé, fer de lance de l’offre Netflix. Depuis 2013, l’opérateur propose du contenu original passionnant (House of Cards, Orange Is the New Black…) en plus de son catalogue comprenant la plupart des séries importantes, à l’exception notable des productions HBO et Starz.

Netflix contournera-t-il la législation ?

Le coeur du conflit réside dans les obligations qui pourraient être imposées à Netflix. Dans un entretien au JDD le 26 janvier, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti s’est voulue offensive : “Je ne suis pas fermée aux nouveaux acteurs du numérique, surtout lorsqu’ils proposent une offre légale de films et de séries, une de mes priorités pour lutter contre le piratage. Mais s’il veut s’installer ici, Netflix doit se plier aux régulations qui font le succès de nos industries, notamment en matière de financement de la création.” Pas question, donc, pour l’entreprise américaine de commercialiser des abonnements en France sans soutenir (notamment) le cinéma local, comme le font les chaînes de télé et les plates-formes web. Le hic ? Ayant choisi pour base arrière européenne le Luxembourg, très avantageux fiscalement, Netflix pourrait contourner la législation. Le gouvernement a prévu des pare-feu, mais les négociations s’annoncent rudes.

Le dernier obstacle à l’arrivée triomphale de Netflix est moins politique que concret. Entre Canal+ Séries et le bouquet OCS, l’offre légale de séries (certes à la télévision) a progressé de manière exponentielle ces derniers mois. En attendant l’affrontement, les concurrents potentiels aiguisent leurs couteaux. Canal+ vient de nommer Manuel Alduy, chef du cinéma depuis 2005, à la tête de Canal OTT, nouvelle division chargée des offres gratuites et payantes de contenus web, indépendantes des fournisseurs d’accès. La vie des fans de séries français change à vitesse grand V et ce n’est pas près de s’arrêter.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2014/02/0...

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