Non, l’expo « Zizi sexuel » n’est pas vulgaire

, par  Fanny Hubert , popularité : 2%
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Adressée au 9-14 ans, l’exposition se base sur l’ouvrage Le guide du zizi sexuel écrit par Zep et Hélène Bruller en 2001 pour permettre aux enfants de mieux comprendre la sexualité. Le personnage de Titeuf et ses copains (et copines) peuplent donc les allées de l’exposition. Celle-ci est divisée en 5 grandes catégories : Etre amoureux/se – La puberté – Faire l’amour – Faire un bébé – Ouvre l’œil.

Un retour essentiel

Il y a 7 ans, l’exposition avait attiré plus de 340 000 spectateurs. Selon Maud Gouy, commissaire de l’exposition, le retour du “Zizi sexuel” est essentiel :

“A l’heure de la législation sur le mariage pour tous, les propos homophobes ne diminuent pas, et les injures sexistes restent encore trop souvent entendues dans les cours de récréation. “Zizi sexuel l’expo, enfin le retour !” a donc un un rôle à jouer car elle vise l’imprégnation de valeurs citoyennes, comme le respect de l’autre mais aussi celui de soi-même, le consentement mutuel, la parité, valeurs qui s’appliquent en amour comme ailleurs.”

L’association SOS Education (qui rappelons-le a contribué à retirer les ABCD de l’égalité en parlant d’une soi-disante théorie du genre) juge que l’exposition est vulgaire et disait déjà en 2007 : “Nous devons nous mobiliser pour protéger nos enfants de la pieuvre du sexe cru, sans tabou et mécanique qui, après avoir envahi l’univers de nos jeunes adultes, de nos étudiants, et de nos adolescents, lance ses premières tentacules sur nos petits de neuf ans.” Sur Twitter, les membres de l’association essayent de convaincre activement les gens de signer leur pétition. Pour Maud Gouy, la polémique n’a pas lieu d’être : “C’est une expo dont les textes, les illustrations et les représentations ont été validées par un comité scientifique [...] On a travaillé pour ne jamais déranger les enfants”.

Au début de l’exposition, les enfants peuvent s’allonger sur un lit et voir de très belles scènes de films où les personnages s’embrassent sur une musique romantique. Ils peuvent ensuite écouter le bruit que font différents baisers : le baiser distrait, le métallique (à comprendre : avec appareil dentaire), le contagieux, le passion… Un “Pubertomatic” met en scène les transformations causées par la puberté sur les corps des filles et des garçons. Il y a même un “Karaoké baignoire” où les enfants peuvent chanter J’ai encore rêvé d’elle en croyant être sous leur douche.

Une partie interdite aux adultes (mais ils peuvent évidemment y aller et beaucoup y vont) permet de répondre à certaines questions que les enfants n’oseraient pas forcément poser à leurs parents : “C’est quoi les règles ?” ou “Qu’est-ce que l’homosexualité  ?” par exemple. Pour cette question, la réponse véhicule un message de tolérance puisqu’elle précise que ce n’est “ni une maladie ni un défaut. On ne décide pas d’être homosexuel, ça ne se commande pas.” Des schémas du sexe de la femme et de l’homme sont représentés ainsi qu’une explication de la masturbation. Il est même possible de gonfler un pénis pour imiter le phénomène de l’érection. Contrairement à ce que soutient Jean-Paul Mongin, délégué général de SOS Education, on ne voit pas de “pénis qui éjacule”.

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(c) Andre Bandelli via Flickr

“Je les plains les spermatozoïdes !”

Un peu plus loin dans l’exposition, un jeu permet aux enfants de reconstituer le trajet des spermatozoïdes qui partent à la rencontre des ovules. N’arrivant pas à avancer très vite, un enfant s’est alors exclamé : “je les plains les spermatozoïdes !”. Puis vient le moment de la prévention où l’utilisation des préservatifs et de la pilule est expliquée avec des dessins toujours très drôles. Le numéro d’enfance maltraitée est également indiqué et les enfants sont incités à toujours prévenir un adulte en cas de gestes déplacés. Six minutes du documentaire l’Odyssée de la Vie de Nils Tavernier sont présentés vers la fin de l’exposition.

Alors que l’exposition est censée s’adresser aux 9-14 ans, une mère de famille a emmené ses deux enfants de 5 et 7 ans. Elle explique qu’”ils commencent à poser des questions” et qu’elle “sélectionne les parties de l’exposition qu’elle peut leur montrer et qu’ils se montrent très intéressés”. Elle rajoute qu’en prenant ses billets, une personne lui a demandé si elle était vraiment sûre de vouloir y aller à cause de la polémique. Une autre mère avoue avoir “paniqué en entendant le matin à la radio la polémique” avant d’expliquer “je suis normalement très à cheval sur ce genre de choses mais là je trouve que ce n’est pas du tout vulgaire et que c’est très bien adapté à tous les enfants, même les plus jeunes.” Sa fille de 11 ans ajoute qu’elle connaissait déjà le livre de Zep et Bruller, elle n’a donc pas appris grand-chose. Et rien ne l’a choqué.

L’exposition permet aussi de parler de certains sujets tabous comme le souligne une autre mère : “Cela permet d’expliquer les choses avec des mots simples parce que nous on ne sait pas toujours comment aborder certains sujets plutôt tabous comme la masturbation”. Son garçon de 13 ans explique qu’il a trouvé l’exposition “très intéressante” et qu’il a appris “des choses qu’il ne savait pas surtout sur le sexe féminin”. A l’évocation de la polémique, un autre père de famille estime ”la sexualité est un sujet tabou en France comme la religion. Pourtant il faut en parler”. Comme le souligne un garçon de 9 ans, utiliser le personnage de Titeuf apporte un côté “très rigolo”.

Quant à SOS Education, on se pose la même question qu’une mère de famille : “Est-ce qu’ils y sont vraiment allés pour dire des choses pareilles ?

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Voir en ligne : http://www.lesinrocks.com/2014/10/2...

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