On y était : Granville et Les Filles et les Garçons à la Maroquinerie

, par  Maxime de Abreu , popularité : 2%

Granville sur la plage

C’est drôle cette génération qui semble hésiter, un pied de chaque côté de la Manche, sur quelle plage débarquer. Tantôt en français, tantôt en anglais, tantôt Taxi Girl et tantôt New Order, c’est en tout cas vers les années 80 que Lucas Nedelec – bien caché derrière Les Filles et les Garçons – semble le plus à l’aise. Mais pas trop de nostalgie de par chez nous : le Toulousain est un jeune homme moderne, plus attiré par les sampler que par les claviers. D’ailleurs, on aurait tout de même préféré quelques musiciens plutôt que cette panoplie de sons pré-enregistrés, seulement accompagnés de la voix gracile du garçon (et une guitare, des fois). Mais il connaît son affaire : Les Filles et les Garçons s’accorde en genre mais pas en nombre ; c’est un projet solitaire, un ego-trip de gangsta-pop façon Booba.

Et la vanne n’en est qu’à moitié une. A un moment, on lâche un petit rire : on a cru entendre un ‘’izi’’ sec et ferme, entre deux vagues électroniques. On met d’abord ça sur le dos du panaché qu’on a bu juste avant, mais bientôt on entend également : ‘’j’dois faire du biff, de la moula, du carameeeeel’’. Fichtre, nous sommes bel et bien plongés dans une reprise new-wave du Caramel de B2O. On rit de bon cœur face à cette audacieuse plaisanterie, franchement pas ridicule. Bien joué, morray.

Les Filles et les Garçons s’en vont bientôt flâner ailleurs, laissant la lumière se lever sur Granville. Le public explose de joie en voyant ce groupe qui semble tout jeune, tout mignon. Les quatre Normands commencent tranquillement par Les Voiles, morceau-titre de leur premier album, paru il y a quelques jours. Avec la candeur qu’on leur connaît, les Caennais enchaînent avec Polaroïd, Tic Boum, La Robe Rouge, Nancy Sinatra, Jersey, Le Slow et d’autres délicieuses douceurs. Flottant gentiment entre la Normandie et la Californie, entre les yéyés et les Beach Boys, ces adorables teen-songs sont toujours d’une grâce désarmante, d’une nonchalance pleine d’humour, d’un spleen adolescent esthétisé avec circonspection : il pleut dans nos cœurs comme il pleut sur Granville, mais tout va bien.

Qu’on ne s’y trompe toutefois pas : aucune niaiserie et peu de fragilité chez Granville et son petit bout de chanteuse, Melissa. Tout ici n’est que malice bien dosée, énergie bon enfant, décalage référencé – bref, c’est le charme personnifié. D’autant que ces petits mignons ne semblent toujours pas réaliser ce qui leur arrive : sortir un album, remplir des salles, noircir les pages dans la presse, tout ça. ”C’est fou. On est putain de contents d’être ici !” nous dit Sofian, (très bon) guitariste et deuxième voix de Granville. Ca tombe bien, le public semble également ravi d’être là, même s’il ne danse pas beaucoup – au grand dam de Melissa qui se plaint gentiment.

Il faut dire que la jeune fille, elle, danse un peu comme Ian Curtis, et que malgré sa robette de princesse, elle nous aura répété de nombreuses fois, dans Le Slow : ”Non, je ne peux pas danser un slow avec toi, oh non, je ne peux vraiment pas.” Dommage. Depuis environ trois semaines que Les Voiles sont lâchées, on a très envie, nous, de danser des slows.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2013/02/2...

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