Primeurs de Massy 2013 | 26.10.2013
En ouverture, les Dead Hippies alignent quatre guitares devant un mur d’enceinte propre à impressionner le chaland, accompagnées de machines qui donnent à ce rock brut une couleur curieusement électro. On aime le concept, mais on aurait préféré un son aussi gros que sa promesse. Mention spéciale pour les films projetés en fond de scène qui illustrent intelligemment le propos.
On s’éclipse avant la fin pour se sustenter sous les palmes protectrices de la cour intérieure, qui d’une crêpe, qui d’une planche charcuteries fromages (d’autres choisiront le risotto de saint-jacques), accompagnés d’un vin rouge « primeurs de Massy  » à 2€, pas si mal malgré nos craintes. A Paul B, outre la musique, le lieu participe véritablement au plaisir des soirées avec une convivialité telle qu’on aurait tôt fait de manquer des concerts si l’on y prenait pas garde…
Impossible toutefois de rater le début de Juveniles qui n’est pas annoncé dans la grande salle mais au Club – ce qui ne peut que nous indigner. Depuis le temps qu’on les suit ceux-là (depuis la fondation avec Pierre, qu’on chroniquait déjà avec ses Russian Sex Toys), il nous tarde de les voir à l’œuvre sur scène. Mais s’il y a des jours avec et des jours sans, on saura rapidement dans quelle catégorie classer ce jour-là , entre le matériel qui les plantera carrément deux fois et une voix fausse plus souvent qu’à son tour. « Merci d’être restés, on est vraiment désolés  » lance Jean-Sylvain tandis qu’on entend murmurer dans le public « En même temps, on est un peu venus pour vous  ». On espère que ceux-là ne se décourageront pas d’y retourner tant le parfait We Are Young nous a fait d’autant plus regretter l’abandon de deux titres, faute de temps. Il y a de toute façon nécessité absolue à donner une seconde chance aux auteurs du possiblement meilleur album français de l’année lequel, outre un recueil de tubes à danser assez phénoménal, offre incontestablement la voix la plus fantastique du moment.
St.Lô est à suivre dans la grande salle et le moins que l’ont puisse dire, c’est que le groupe aime à brouiller les pistes. Pas la peine de chercher pourquoi des Bretons avec un chant new-yorkais ont pris un nom normand, ni pourquoi le chanteur est en fait une chanteuse : l’essentiel est ailleurs. Avec une voix que ne renierait pas Grace Jones, Hanifah Walidah livre un incroyable show où, entourée de ses deux claviers, elle  occupe tout l’espace avec un charisme et une générosité folle. Entre ces trois musiciens, la complicité est palpable et les regards, les immenses sourires échangés sont beaux à voir. Entre hip-hop, trip hop, électro ou blues rock, l’éclectisme de St.Lô laisse pantois. Un gros pied partagé sur scène et dans la salle, conquise à l’unanimité. Personne, sans conteste, ne pourra en vouloir aux Primeurs d’avoir un chouia dérogé à la règle en n’attendant pas tout à fait la sortie de leur premier album.
JC Satà n leur succède, précédés par une petite réputation acquise en quelques concerts, dont, comme les St.Lô justement, une programmation à Rock en Seine cet été. Les cinq compères alignent un clavier (qui finira torse nu) une chanteuse généreuse aux cheveux noirs de geai portant croix en pendentif, un batteur, un guitariste chanteur avec une forte envie d’en découdre, et une bassiste très remarquée. Le vent du punk souffle alors sur Paul B, relayé par de joyeux pogoteurs aux 1er rang parmi lesquels on reconnaît rapidement les Le Vasco qui s’amusent sans compter comme à leur habitude (et c’est bien ce qu’on affectionne chez eux), pour un set d’un rock bien pesant comme on les aime.
Mais le gros trip de la soirée viendra de la prestation des Néerlandais de Birth of Joy, qui embarqueront les Primeurs dans un tourbillon de rock psychédélique proprement hallucinant. Incarnation blonde de Jim Morisson, le chanteur a la parfaite attitude du guitariste iconique, les jambes écartées, le corps (forcément rapidement dénudé) rejeté en arrière, la guitare en étendard et les sauts récurrents. Le batteur de son côté est un tueur absolu, excellent, incroyable. Et pour finir le clavier organiste, orfèvre du son vintage, offre le plus bel hommage rendu aux Doors depuis longtemps, habité, quasi couché, à ne plus faire qu’un avec son instrument. Ces trois là sont infatigables, inusables, mettant la salle sur les genoux avec des morceaux dignes des plus grandes épopées rock, dont, vers la fin du set, un titre phénoménal étiré sur une bonne vingtaine de minutes qui laissera tout le monde abasourdi vers une heure et demie du matin. Un concert fou, débridé, qui nous aura soufflé au point de rendre obligatoire le passage au merch pour un disque. LA sensation de cet automne.
Chapeau bas pour cette prog, les Primeurs. Une fois de plus. Rendez-vous en 2014 !
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Photos (c) Isatagada - Galerie complète sur le Flick’r
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