San Francisco : colère contre les luxueux Google bus, privilège des employés de la Silicon Valley

, par  Geoffrey Le Guilcher , popularité : 2%

Capture d’écran d’une manifestation devant un Google bus

La semaine dernière à San Francisco, durant deux jours consécutifs, des manifestants sont restés debout dans une rue pour bloquer le trajet du “Gbus” : un bus affrété par Google qui emmène les employés de la multinationale vers son siège mondial de Mountainview, à 55 kilomètres au sud. Ce type de manifestation a commencé à se multiplier ces dernières semaines, comme le montre cette vidéo tournée en décembre dernier.

Pour beaucoup, ces bus clinquants qui contrastent avec les transports dégradés de monsieur-tout-le-monde symbolisent désormais l’augmentation des loyers dans la ville. Car ces véhicules ne transportent que des travailleurs fortement rémunérés. En réponse à ces protestations, Google a discrètement placé des agents de sécurité à certains arrêts.



Un Google bus

Réservés aux “Googlers”

L’histoire de ces Google bus débute en 2007. Google communique alors sur la mise à disposition d’un réseau de bus aux sièges confortables et équipés de Wifi gratuit. Ce service sert quotidiennement quelque 1 200 employés de la firme numéro un mondial du Net. Google met alors en circulation 32 bus propulsés au “biodiesel”. Autre particularité de ces bus ultra technologiques, le moindre retard se trouve instantanément signalé sur les smartphones de ses passagers. D’ailleurs, on ne dit pas “passagers” mais “Googlers”. Bref, la communication du projet semble carrée.

A l’époque, Marty Lev, directeur de la sécurité chez Google qui gère ce programme, déclare sans ambages au New York Times :

“Nous sommes tout simplement en train de faire tourner une petite agence municipale de transport.”

“Attention : système à deux étages” (photo d’une manifestation devant un Google bus)

Si les vélos et les chiens peuvent également monter à bord, ce n’est pas le cas des gens ne travaillant pas pour Google. C’est-à-dire beaucoup de monde dans une ville de plus de 800 000 habitants. Au fil des ans, ce privilège a fini par agacer dans la Silicon Valley qui a une très mauvaise réputation en termes de transports.

Une chanson de rap

Un groupe de jeunes gens a lancé ce mois-ci une chanson de rap ironique à l’encontre de ces bus. Elle a été intitulée “The Google Bus song” (“La chanson des Google bus”).

Le clip montre des jeunes types marchant dans la rue, ghetto blaster sur l’épaule, en chantant qu’ils veulent, eux aussi, leur Google bus :

“Dans le Google bus avec tout le gratin, j’ai délaissé ma Porsche dans mon appartement avec mes caniches nains”, rappent-ils dans un texte qui rime même en français.

“Google, Twitter : Get out ! (dehors !)”

Du point de vue des protestataires, ces transports réservés à des employés grassement payés incarnent la gentrification de la ville. San Francisco, capitale de la haute technologie, a vu s’installer dans ses environs des firmes comme Facebook Inc., Twitter Inc. ou encore Google. Dans leur sillage, ces géants du web ont attiré de nouveaux travailleurs. Ces nouveaux embauchés disposent de salaires bien au-dessus de la moyenne californienne. Effet immédiat : dans certains quartiers, les loyers ont augmenté à vue d’œil. Sur des murs adjacents à certains arrêts de bus, des pancartes sont apparues : “Google, Twitter : Get out ! (dehors !)”.

A San Francisco, après une manifestation contre les Google bus (Reuters/Stephen Lam)

Pour comprendre la tension montante, un journaliste de Reuters s’est mis en tête d’aller voir de plus près ces Google bus. “Puis-je voir votre badge ?“, a répliqué au confrère un type équipé d’une oreillette. Ce badge qui s’avère obligatoire pour entrer sur le site de Mountainview l’est aussi pour monter à bord du bus. C’est ainsi que l’emploi récent d’agents de sécurité a été constaté. Le but de ces agents en liaison avec la police : empêcher des futurs groupes de manifestants de venir (re)bloquer ces bus de la discorde. Gare à l’effet Streisand.

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2014/01/2...

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