Si vous n’êtes pas du matin, la science indique que vous ne le serez probablement jamais

, par  DGS , popularité : 2%

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Un homme ayant du mal à se réveiller via Shutterstock

Vous connaissez certainement des personnes pour qui se lever tôt le matin est une vraie galère. Elles sont les premières à en souffrir, en encaissant les rappels à l’ordre de leurs chefs, les moqueries des collègues ou les blagues des amis sur la « panne d’oreiller ». En plus des problèmes sociaux, ce décalage permanent avec leur environnement peut parfois provoquer de graves problèmes de santé. Pourtant, ce n’est pas un manque de volonté qui les empêche de changer leurs habitudes.

Lorsque Cassidy Sokolis a besoin de se réveiller avant 11 heures du matin, elle s’entoure de trois réveils. Néanmoins, elle n’a aucune certitude de se réveiller à l’heure. “C’est vraiment frustrant”, dit Sokolis, une jeune étudiante de 21 ans qui fait ses études à la Northern Arizona University. « On se moque souvent de moi, en disant que je suis paresseuse et ne fais pas assez d’efforts. Cela me dérange vraiment. Parce que c’est la faute de mon cerveau, pas la mienne. »

Une excuse d’étudiante ? Pas vraiment, affirment ses médecins. A l’âge de 19 ans, on lui a diagnostiqué https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndr... le syndrome de retard de phase du sommeil, une forme de https://fr.wikipedia.org/wiki/Dysso... dyssomnie qui empêche en permanence la synchronisation de son horloge interne avec le reste du monde. Ce n’est pas qu’elle a besoin de dormir plus que la personne moyenne. Simplement son corps préfère commencer son cycle de repos de sept ou huit heures après 3 heures du matin.

Alors qu’elle faisait sa licence, Sokolis pouvait commencer sa journée à 11 heures, grâce à un programme de classe flexible. Mais aujourd’hui l’examen final approche, et elle qui a toujours rêvé de devenir enseignante se demande si ses horaires décalés ne seront pas un obstacle pour y parvenir. “Si je sens que mon choix de métier risque d’être compromis, je dois à tout prix trouver un autre mode de fonctionnement », dit-elle.

Nos habitudes en matière de sommeil peuvent être représentées par une courbe, car nous avons tous, dès notre naissance, un temps préféré pour dormir. La science a validé l’idée selon laquelle il existe des “gens du matin”, des “gens du soir” et ceux entre les deux. Ces particularités innées sont appelées des https://en.wikipedia.org/wiki/Chron... chronotypes. Et comme il est rare qu’une personne mesure 2 mètres, il est rare que quelqu’un ne puisse pas s’endormir avant 3 heures du matin. Nous avons tous notre chronotype personnel.

Même les gens qui sont un peu moins décalés que Sokolis – ceux, par exemple, qui voudraient dormir entre une heure et neuf heures – disent qu’ils peuvent être confrontés à un choix difficile : écouter leur corps ou le forcer à s’adapter aux habitudes de sommeil de la majorité des gens ?

La recherche a pu établir que nos horloges internes sont influencées par des gènes, ce qui les rend incroyablement difficiles à changer. Si vous n’êtes pas du matin, il est probable que vous ne le serez jamais, même si vos habitudes peuvent quelquefois évoluer avec l’âge. Et ce qui est encore plus grave, essayer de vivre en décalage avec notre horloge interne représente un risque pour notre santé, avec des maladies cardiaques, l’obésité et la dépression. La solution idéale serait donc d’écouter notre corps à la place de notre réveil.

La plupart des gens – environ 30 à 50 % – se trouvent en plein milieu de la courbe en cloche des chronotypes, en dormant entre 23 heures et 7 heures du matin. Environ 40 % sont légèrement du matin ou du soir, décalés d’une heure environ. Cependant, ces chiffres sont approximatifs car il n’existe que http://www.nature.com/articles/srep... très peu d’études dans ce domaine, chacune réunissant quelques centaines de participants.

Des gens comme Sokolis sont encore plus rares : seulement environ http://www.nature.com/pr/journal/v4... 0,2 %, soit 1 sur 500, des adultes ont véritablement le syndrome de retard de phase du sommeil. (Cela arrive beaucoup plus fréquemment chez les adolescents, dont les horloges changent peu à peu avec l’âge.) Un peu plus d’adultes (1 %) ont le https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndr... syndrome d’avance de phase du sommeil et préfèrent aller dormir vers 20 heures, selon https://www.sleepassociation.org/&q... l’Association américaine du sommeil. La société tend à être plus indulgente envers eux.

Pour comprendre pourquoi certaines personnes se réveillent tôt et d’autres tard, examinons le système circadien du corps. Le corps est un orchestre d’organes, chacun assurant une fonction essentielle. Dans cette métaphore, le rythme circadien est le chef d’orchestre.

Le système circadien ne contrôle pas simplement notre somnolence, mais tous les processus chimiques et hormonaux de notre corps. C’est ce qu’affirme Philip Gehrman, chercheur de sommeil et clinicien à l’université de Pennsylvanie. « Ça ne concerne pas seulement les humains, même des organismes unicellulaires suivent un rythme circadien. Il semble vraiment être une propriété fondamentale de la vie…”

Nos corps acceptent ce rythme serré pour essayer de suivre nos actions. Comme nous avons l’habitude de prendre un repas après le réveil, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/art... nous produisons plus d’insuline le matin. Pour les personnes qui sont soit plutôt du matin, soit plutôt du soir, toutes les commandes du système circadien sont décalées.

“En moyenne, chez les gens du soir la température du corps descend plus tardivement que chez les autres”, explique http://www.flinders.edu.au/people/l... Leon Lack qui étudie les rythmes circadiens à l’université Flinders en Australie. « Leur système circadien est responsable des rythmes décalés de somnolence et de vigilance.” D’autre part, il produit le cortisol, l’hormone du stress, plus tard que la moyenne. La plupart des gens atteignent leur pic de vigilance vers 10 heures, ce qui n’est bien évidemment pas le cas des gens du soir.

Certains noctambules extrêmes se rassemblent sur https://www.reddit.com/r/dspd"... Reddit pour discuter des défis uniques posés par le décalage avec le monde, dont Sokolis et plusieurs autres prêts à partager leurs histoires personnelles. Certains ont eu des problèmes avec leur famille ou leurs employeurs qui les soupçonnaient de faire la fête toute la nuit, d’abuser d’alcool ou de drogues.

Pour Amy, une habitante de Seattle de 26 ans, être une dormeuse retardée signifie « d’avoir beaucoup de bagage émotionnel attaché à votre journée de travail ». « Vous arrivez en retard, vous vous sentez comme si vous n’étiez pas là. Lorsque les gens vous posent des questions, vous donnez des réponses stupides. » Ensuite, les week-ends servent à rattraper le manque de sommeil, pas pour profiter de loisirs. C’est un « cycle terrible », dit-elle.

« Nos horloges ne fonctionnent pas sur un cycle de 24 heures exactement », affirme Gehrman. Ils sont plus près de 24,3 heures. Ainsi, chaque jour nos horloges corporelles ont besoin d’être remises un tout petit peu en arrière pour suivre le calendrier.

Pour la plupart d’entre nous, c’est le soleil qui joue ce rôle. L’exposition à la lumière vive stimule l’horloge du cerveau – https://fr.wikipedia.org/wiki/Noyau... le noyau suprachiasmatique – pour revenir ces trois dixièmes d’heure en arrière. Pour les noctambules, il existe d’autres moyens d’effectuer cette remise à zéro.

Le noyau suprachiasmatique est l’horloge principale du corps, mais ce n’est pas la seule. Chaque cellule du corps a des gènes qui fonctionnent comme des horloges. Comme le corps dans son ensemble, le métabolisme de la cellule est programmé dans l’optique de l’efficacité. Le fonctionnement des gènes permettrait de fournir des informations à l’horloge maîtresse du corps et aider à la remettre à l’heure. Les scientifiques ont découvert que de petites variations dans les gènes conduisent au http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/art... décalage des rythmes chez les animaux, et http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/... commencent à identifier les gènes qui provoquent les mêmes effets chez les humains. Comme il est génétique, le chronotype est héritable : les chercheurs en hérédité ont http://www.nature.com/articles/srep... découvert que près de la moitié des différences entre les chronotypes peuvent être expliquées génétiquement.

On ne connaît pas encore précisément le mécanisme par lequel les gènes nous poussent à nous endormir ou à nous réveiller plus ou moins tard. Selon une hypothèse de Gehrman, les gens du soir pourraient avoir une horloge biologique qui fonctionne http://psycnet.apa.org/index.cfm?fa... plus lentement que la moyenne, en faisant un cycle de 24,5 ou 24,7 heures. Dans ce cas, le noyau suprachiasmatique doit travailler plus dur pour faire un ajustement. Quand il n’y parvient pas, le temps de sommeil se décale dans la soirée.

Enfin, les personnes du soir peuvent être plus sensibles à l’exposition à la lumière la nuit. Une lumière vive à tout moment de la journée indique à notre corps qu’il est temps de se réveiller. Ce n’était pas un problème à l’époque où l’exposition journalière à la lumière finissait avec le coucher du soleil. Aujourd’hui, la lumière de nos écrans pousse certaines personnes de ce type à rester éveillées.

Les scientifiques ont un terme pour ce manque de synchronisation : le http://www.vox.com/science-and-heal... jet lag social. En effet, il pose des problèmes sociaux, mais également des problèmes de santé.

Dans une étude de laboratoire simulant le décalage horaire, 24 participants en bonne santé ont été soumis à un décalage de sommeil d’une heure chaque jour. Au bout de trois semaines ils ont commencé à avoir des symptômes http://www.mayoclinic.org/diseases-... prédiabétiques. Leur taux métabolique au repos a chuté de 8 %. “Sans le moindre changement d’activité ou d’alimentation, ça se traduirait par une prise de poids de presque 5,5 kilos sur une seule année », a conclu cette étude, publiée dans Science Translational Medicine en 2012.

Quand les gens éprouvent le jet lag social, ils vont souvent essayer de compenser le manque de sommeil pendant le week-end. Mais cela aussi est éprouvant pour le corps et rend le réveil du lundi d’autant plus difficile.

En 2012 les chercheurs européens ayant analysé un ensemble de données d’auto-évaluation de 65 000 personnes ont trouvé que le jet lag social augmentait de façon significative le risque de surpoids. Il y a aussi des recherches corrélationnelles indiquant que les chronotypes tardifs présentent un plus grand risque de dépression, et sont plus susceptibles d’adopter des comportements à risque comme le tabagisme.

Une étude de 2015 qui a observé le sommeil de 447 adultes d’âge moyen pendant une semaine confirme cette tendance inquiétante. Elle a constaté une corrélation entre le jet lag social et la résistance à l’insuline (un précurseur du diabète), un plus faible taux du bon cholestérol, des niveaux plus élevés de triglycérides, un tour de taille et un indice de masse corporelle (IMC) plus élevés. Ces corrélations sont restées même après le changement de comportements concernant l’exercice physique, le tabagisme et la consommation d’alcool.

Si les personnes du soir veulent se réveiller plus tôt, elles peuvent se retrouver en manque de sommeil, ce qui semble être un facteur de risque important pour les maladies cardiaques, le diabète et l’obésité.

Dans la littérature académique, le sommeil court est associé à une pression artérielle élevée, une augmentation de l’indice de masse corporelle, et une calcification accrue de l’artère coronaire. Dans des expériences de laboratoire, les personnes qui n’ont dormi que cinq heures par nuit pendant une semaine étaient moins sensibles à l’insuline, ce qui rend plus difficile le maintien du niveau de sucre dans le sang. Dans une étude faite sur 1 024 personnes, le manque de sommeil est associé au dérèglement des hormones de la faim leptine et la ghréline, ce qui expliquerait une autre conclusion : la privation de sommeil augmenterait l’appétit. « Je ne veux pas que les gens paniquent et pensent qu’ils vont mourir si ils ne suivent pas le rythme de leur corps », dit Gehrman. “C’est une question de santé générale : suivre votre corps est ce qu’il y a de mieux. »

En règle générale, il existe deux options de traitement pour faire avancer les horloges corporelles. Mais ils exigent une vigilance constante et sont difficiles à maintenir.

La première – et la plus simple – est une combinaison de la luminothérapie et de la mélatonine. L’exposition à la lumière vive du matin aide à réinitialiser l’horloge du corps plus rapidement. Les patients peuvent acheter des lampes spéciales à cet effet, ou tout simplement faire un effort pour sortir plus tôt le matin.

Ceux qui tentent la thérapie par la lumière ne doivent pas oublier d’avancer leur horaire de coucher. “L’endormissement tardif le week-end peut ruiner tout le progrès déjà fait”, affirme Charmane Eastman, qui étudie les rythmes biologiques à l’Université Rush. “C’est comme le non-respect d’un régime alimentaire.”

Ainsi la mélatonine décale l’horloge, mais seulement si elle est prise au bon moment, de préférence plusieurs heures avant le coucher. (Il vaut mieux consulter au préalable un spécialiste du sommeil pour obtenir le bon timing.)

Le second traitement est la chronothérapie. Ici, au lieu d’avancer l’horloge, on la retarde. Pendant quelques semaines, un patient doit aller au lit deux heures plus tard tous les soirs jusqu’à ce qu’il atteigne son heure optimale d’endormissement. “Cela peut fonctionner très bien, mais très peu de gens peuvent se permettre le luxe d’un contrôle total sur leur emploi de temps pendant deux semaines », dit Gehrman. Ainsi, très peu de ses patients choisissent cette option.

Park, 34 ans, a essayé la chronothérapie avant de l’abandonner. Elle était trop difficile à maintenir, car le moindre imprévu risquait de compromettre les résultats.

Pour Raj Dasgupta, chercheur à l’Académie américaine de la médecine du sommeil, le taux de rechute pour les patients souffrant du syndrome de retard de phase du sommeil est d’environ 90 %. “Il y a des individus qui cherchent à s’adapter à la société, au travail, et en dépit de leurs efforts et beaucoup, beaucoup de traitements, ils ne peuvent pas le faire », dit Dasgupta.

Autrement dit : la société favorise les lève-tôt. C’est ce que montrent de nombreux proverbes à ce sujet qui existent dans toutes les langues du monde.

Mais déjà un bon diagnostic pourrait alléger le fardeau des personnes aux horloges corporelles décalées. “Cela aide vraiment à comprendre que ce n’est pas de ma faute”, dit Sokolis en évoquant son diagnostic. Mais les gens comme elle sont encore confrontés à un choix difficile. Les emplois les mieux rémunérés sont réservés aux matinaux, les meilleures possibilités d’éducation aussi. Peuvent-ils vraiment se permettre de passer à côté de tout ce qui se passe avant midi ?

Les personnes souffrant de ce décalage sont toutes d’accord : la seule chose qu’elles souhaitent est une plus grande tolérance de la société envers des gens comme eux. “Parfois, l’une des choses utiles que je fais pour les gens est de leur donner la permission d’être en retard”, soutient Gehrman en parlant de sa pratique clinique. “Car c’est encore quelque chose qui est mal toléré par notre culture.”

Après ces révélations, on voit certains retardataires chroniques sous une autre lumière et on peut même ressentir de l’empathie à leur égard ! Il faut dire que le sommeil est un domaine passionnant… D’ailleurs, si vous souhaitez en savoir plus, découvrez ces 12 symptômes qui se manifestent en cas de manque de sommeil .

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Voir en ligne : http://soocurious.com/fr/si-vous-ne...

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