Tu viens à ma divorce party ?

, par  Elena Fusco , popularité : 2%

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Débarquant tout droit des Etats-Unis, les Divorce Parties gagnent peu à peu l’Europe. En France, actuellement, près de la moitié des mariages se terminent en divorce. Alors plutôt que de s’enfermer chez soi à écouter en boucle Eternal Flame, Unbreak My Heart ou I Will Always Love You en se goinfrant de chocolats et en terminant tous les paquets de moichoirs qui se trouvent dans l’appart, “autant fêter l’événement”, s’exclame Anaïs Olmer, propriétaire de la pâtisserie Bogato. “Souvent, on fête la fin d’un long procès. C’est une façon de se tourner vers l’avenir.”

Brûler sa robe de mariée

Le cerveau de cette idée loufoque est une Américaine, Christine Gallagher. En 2003 elle publie How To Throw a Divorce or a Break Up Party. Dans la foulée, elle ouvre également une agence évènementielle à Los Angeles, chez les “fêtards” californiens, où elle met en pratique les conseils de son livre. Le concept serait une sorte d’enterrement de vie maritale, sur le même principe que le traditionnel enterrement de vie de jeune fille ou de garçon. Christine Gallagher est écrivain et thérapeute. “J’ai toujours beaucoup écrit sur et pour les femmes. Un jour, j’ai entendu parler de quelqu’un qui avait organisé une fête afin de mieux faire face à une mauvaise rupture. On a copié l’idée pour une amie. J’ai réalisé alors l’importance d’une soirée pour évacuer et clore une rupture”, explique-t-elle.

“Le divorce est le seul événement qui change une vie mais qui ne possède aucun rituel ou cérémonie pour aider la personne qui le vie à l’affronter et aller de l’avant. L’idée de soirée de rupture répond à ce besoin humain fondamental. C’est une façon plutôt saine de dire ‘c’est fini, je passe à autre chose’.”

Brûler sa robe de mariée, des gâteaux en “pièces démontées” sur lesquels l’ex-conjoint est décapité… “Pour mon premier gâteau de divorce, on m’avait demandé de faire une figure de l’ex au milieu des requins pendant que l’épouse fait bronzette”, se rappelle Anaïs Olmer dans sa pâtisserie nichée dans une ruelle du XIVe à Paris. Bref, presque tout est permis, sauf le trash, souligne Christine Gallagher :

“Le message dépend de ce que la personne veut transmettre. Je n’aime pas le saccage d’ex ou les choses similaires. Il y a différents thèmes et parfois le client nous donne les différents détails de la rupture et à partir de là on organise la soirée.”

Ce petit détail en plus qui permet de faire quelque chose avec une pointe d’humour, selon Anaïs Olmer : “quand les clients appellent pour commander ce type de gâteaux, je raccroche le téléphone en connaissant plus ou moins toute la vie du couple qui divorce. Mais au moins, si l’ex-mari était fan de foot, on peut faire une figurine avec un maillot.” Tout en finesse.

“Le divorce est complètement accepté dans la société d’aujourd’hui. Étant devenu plus commun, les gens sont plus enclins à soutenir un proche en instance de divorce, surtout si le mariage était malheureux. Les copines accompagnent la divorcée par exemple. L’autre jour, j’ai même eu la nouvelle petite-amie qui est venue s’informer pour un gâteau pour son copain qui va bientôt divorcer”, raconte la jeune femme. Pour les deux organisatrices, que ce soit aux USA ou en France, se sont surtout les femmes qui décident de faire une soirée pour l’occasion. “Mais j’ai aussi des hommes. Ils sont un peu plus timides au téléphone”, souligne Anaïs Olmer.

Liste de divorce

Le phénomène connaît une large expansion aux USA. En France, le démarrage a été un peu plus laborieux. L’agence Wedding Out Factory (WOF) disparaît peu après son lancement en 2006. Aujourd’hui, Friendly Moment a pris le relais. Une tendance que confirme la jeune pâtissière :

“Ça doit faire trois ans qu’on me passe ce genre de commande au magasin. Mais je dirais que cette dernière année, il commence à en avoir de plus en plus. Il y a comme un besoin de faire la fête. Beaucoup disent que cela est dû à la morosité de notre époque mais j’y crois moyen.”

De l’autre coté de la Manche, le concept va plus loin. L’entreprise Debenhams a pensé à la liste de divorce. Du linge de maison, aux assiettes et couverts en argents…. La carte de vœux “Joyeux divorce !” de Zazzle.fr semble presque ringarde et cheap à coté. Du tee-shirt à la nappe en passant par la tasse de café, les goodies en tout genre abondent. Des kits spéciaux sont commercialisés : assiettes en carton, serviettes et ballons clamant “Libre à nouveau”. Désormais, l’entreprise surfe sur l’idée du divorce assumé, synonyme de libération, d’épanouissement et surtout de festivités.

Juteux, le marché du divorce génère un véritable business et les divorce-planners viennent rejoindre les wedding-planners, de même que les salons du divorce. Des agences événementielles facturent de 500 à plusieurs milliers d’euros l’organisation de votre fin de vie de mariage. Quand on n’aime plus, on ne compte plus… “Les prix sont variables. La moyenne est de 5 000 dollars, mais ils peuvent monter à des sommes proches de celles d’un mariage.” Et pour un gâteau ? Ironique, Anaïs Olmer répond : « Tout dépend s’ils ont bien réussi à plumer leur ex-conjoint à la fin du procès.”

Cet article est repris du site http://www.lesinrocks.com/2014/02/1...

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