Nés trop tard pour avoir connu leur père
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Plus de sept cents enfants ont perdu leurs parents dans l’effondrement des tours jumelles. Parmi eux, le cas des orphelins nés après la mort de leur père en particulier.
Le petit Gabriel Jacobs, quatre ans, a hérité des cheveux, du nez et des yeux bleus de son papa, mais il ne l’a jamais rencontré.
Ariel Jacobs a péri dans l’attaque contre le World Trade Center six jours avant la naissance de son fils unique.
« Lorsque Gabriel lance un ballon dans le ciel et qu’il ne voit plus qu’un petit point monter dans les nuages, il dit : c’est bon, le ballon a trouvé l’entrée du paradis, je pense qu’il l’a maintenant », raconte sa mère Jenna Jacobs-Dick. On recense plusieurs dizaines d’enfants comme Gabriel, mis au monde par des veuves du 11 Septembre après les attentats. Et c inq ans après le drame, ils commencent tout juste à comprendre.
Le premier d’entre eux est né quelques heures après le drame et le dernier neuf mois plus tard. Des mères ont découvert qu’elles étaient enceintes après la mort de leur compagnon.
Les pères disparus étaient pompiers, policiers, serveurs de restaurant ou agents de change. Certaines veuves ont fait une fausse couche.
D’autres se sont effondrées en salle d’accouchement. Chaque naissance a été à la fois un moment merveilleux et affreux.
Marylene Cloître, directrice de l’Institut pour les traumatismes et le stress du centre d’étude pédiatrique à l’université de New York, suit 700 enfants qui ont perdu des parents dans les attentats. Le cas des orphelins nés après la mort de leur père est particulier. Ils construisent en effet une image de leur père à partir de souvenirs d’autres personnes et de photos, sans avoir aucune réminiscence de sa présence.
L’histoire de leur père suscite chez ces enfants des questions : Comment papa est-il mort ? Qui sont les méchants ? Où sont passés les bâtiments ? Ou encore : lorsqu’on a enlevé les débris, est-ce qu’on a aussi enlevé papa ? Leurs interrogations changeront en grandissant, souligne Mme Cloître.
Dans quelques années, ils voudront probablement savoir si leur père les aurait aimés, et à l’adolescence, ils pourraient se demander dans quelle mesure leur personnalité est proche de la sienne. •
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