Dormir Tue !

, par  Olivier Duquesne aka DaffyDuke , popularité : 2%

Une fois n’est pas coutume, je vais enfin considérer cet espace comme ce pour quoi tant d’autres l’utilisent, un « carnet intime ». Il m’est en effet arrivé quelque chose d’assez extraordinaire cette nuit ...

Réveil en sueur, il fait encore noir dehors, les volets de la chambre se sont ouverts avec le vent. Une douleur au niveau de l’épaule. Tiens mon bras gauche est encore coincé. Quelle position inconfortable pour dormir, comment ai-je fais çà ? Pas moyen de bouger ce bras, je ne le sens plus ! De la main droite, je déplace ce bras froid, inerte, insensible en position normale.

Cela réveille un afflux sanguin terrible, on dirait que tout le sang de mon corps est en train de s’angouffrer dans le bras, comme lorsqu’on remplit un ballon d’eau, ça pousse, ça s’écarte, ça fait mal. Et dans le sens retour aussi ça se bouscule, ça picote au bout des doigts, la main est bloquée, gonflée là où certains tatent le pouls ! Une curieuse impression que le sang ne circule plus côté droit, mais en même temps qu’il ne sort pas du bras gauche. Comment faire quelque chose ? Ca fait déjà 2 minutes me dit le radio réveil sur la table de chevet.

Instinct de survie ? A la fois protéger les articulations, il ne faut surtout pas casser quelque vaisseau que ce soit ! Une réflexion un tant soit peu scientifique me suggère d’arroser d’eau chaude pour dilater les vaisseaux et faire couler plus vite. En même temps une sorte d’instinct me force à prendre une douche froide jusqu’à ce que la sensation de chaleur disparaisse.

Forcément j’ai ensuite très froid, quand on dort à poil, qu’on court à travers l’appart’ comme çà, le choc thermique de la douche froide est radical. Retour au lit tremblotant, grelottant. Une furieuse sensation de désaltération, la tête qui tourne. Symptôme d’héomrragie interne ? Ou fatigue tout simplement, après tout il n’est que 3 h 24.

Pendant quelques minutes, j’essaye de rester éveillé pour voir si ça se passe, si le reste de ce corps semble recevoir du sang dans la tuyauterie ou si les doigts boudinets se remplissent comme des baudruches ? Voilà qui serait curieux sinon, imaginons dans quelques temps que les pompiers découvrent un corps inerte, nu, dans un lit, sans cause apparente de fin, pas de choc, pas d’intoxication alimentaire, pas de monoxyde, pas d’arrêt cardiaque, surtout pas à cet âge là. Mouarf, rien que ça me fait marrer, comment diagnostiquer ?

Toute la réflexion sur laquelle je m’endors tourne autour du combien de temps ça prendrait si ça devait arriver. Les voisins prendraient probablement plusieurs semaines, je ne les vois jamais, même en temps normal, il m’arrive souvent de ne pas ouvrir ou au contraire de ne pas fermer mes volets pendants plusieurs jours. Dans la famille, mis à part ma grand-mère, rien à signaler avant deux jours. Et de toute façon mon téléphone est bientôt déchargé si on m’appelle ... Quant aux amis, aucune sortie de prévue ce week-end si ce n’est dimanche soir, et arriver tardivement au boulot le lundi passerait inaperçu ces derniers jours.

Conclusions, ça prendrait du temps à voir , et quasi personne pour s’apercevoir de ma disparition. Voilà qui est presque enthousiasmant, s’imaginer disparaître pour voir et revenir ensuite. Non ça ne se peut. Le cauchemard me quitte ....

Tiens il fait jour, 9h32, tout va bien, les deux bras bougent, il n’est rien passé cette nuit ? Houla si c’est le bordel dans la douche, et mes bouts de doigts de la main gauche sont encore douloureux pour tapoter cette histoire sans intérêt. Quelle curieuse expérience ....